Non, le Saint-Suaire n’est pas l’œuvre d’un faussaire - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Non, le Saint-Suaire n’est pas l’œuvre d’un faussaire

On prétend parfois que le Saint-Suaire – ou linceul de Turin – serait l’œuvre d’un faussaire. Il faudrait admettre, alors, qu’il s’agit d’un génie hors du commun !
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La récente datation du linceul de Turin (2022), à partir de rayons X, a fait grand bruit. Bien qu’on ne puisse l’accepter sans réserve, elle semble établir que le linge serait vieux de 2000 ans. Cette étude rejoint la cohorte d’études qui, depuis quarante ans, iraient dans le sens d’une authenticité. Pourtant, pour de nombreux scientifiques, le caractère médiéval du linceul de Turin a été définitivement établi en 1988 par le truchement du carbone 14… Toutes les études ultérieures seraient des tentatives désespérées d’illuminés aveuglés par des préjugés religieux. Mais si le linceul est un faux médiéval, cela ne conduit-il pas à des absurdités ? Comment un faussaire s’y serait-il pris pour former une telle image ? Les hypothèses sur ce point peuvent se diviser en deux catégories : ou bien l’image a été formée de façon directe – ce serait une peinture par exemple –, ou bien de façon indirecte, c’est-à-dire qu’on aurait fixé l’image sur le linceul à partir d’un corps ou d’une sculpture.

Une peinture ?

Dès 1902, le scientifique athée Yves Delage donnait des arguments décisifs contre l’idée d’une peinture : « Il faudrait, si l’image était une peinture due à un faussaire, qu’il eût existé à cette époque un artiste capable de faire une œuvre à peine à la portée des plus grands peintres de la Renaissance, et que cet artiste fût resté inconnu. » Il notait que « l’image est d’un réalisme extrême, impeccable, sans une défaillance, sans un oubli : elle ne tient qu’imparfaitement compte de la tradition, ne cède rien à la schématisation, rien à la convention, caractères qui ne se retrouvent dans aucune des productions iconographiques de cette époque, ni à un degré aussi absolu, dans celles d’aucune époque ». Les couleurs n’ayant pas pu s’inverser symétriquement avec le temps, il aurait fallu en outre que le peintre réussisse l’exploit impossible et inutile de peindre à la perfection une image « en négatif ». Ces arguments, confirmés par de nombreuses études ultérieures, invalident en réalité toute idée d’une action directe d’un faussaire sur le linceul.

Un acteur malchanceux ?

Reste donc l’action indirecte. Il pourrait s’agir d’un vrai corps supplicié à la romaine en plein XIVe siècle. Comme il est toujours délicat et périlleux de crucifier quelqu’un, après l’avoir flagellé et couronné d’épines, certains ont envisagé sérieusement l’hypothèse farfelue d’un « spectacle » de flagellants ayant mal tourné ! Voulant reproduire la Passion du Christ, ces pseudo-mystiques auraient mimé une crucifixion et – pas de chance – un pauvre homme serait mort par accident. Heureusement, un faussaire se trouvait à proximité avec un linceul tout prêt en stock, il aurait récupéré le corps et aurait poussé le professionnalisme jusqu’à percer le côté du cadavre aux dimensions d’une lance romaine. Puis il aurait tendu le linceul sur le corps et, par un procédé inconnu même au XXIe siècle, serait parvenu à faire une image parfaite du premier coup, puis il aurait retourné le corps et aurait réitéré son exploit. Peut-on imaginer hypothèse plus invraisemblable ?

Un bas-relief ?

Il y a une vingtaine d’années, des journalistes de Science et Vie proclamaient, à grand renfort de points d’exclamation, avoir trouvé l’astuce. Ces doctes journalistes étaient parvenus après une dizaine d’essais (sic) à produire une image ressemblant vaguement au visage du linceul – sans avoir toutefois obtenu certaines propriétés du linceul, dont le fameux caractère tridimensionnel de l’image. Voilà une thèse séduisante par sa simplicité, mais confondante par son simplisme. Admettons-la cependant. Les ingrédients pour fixer ainsi l’image sont certes faciles à se procurer au Moyen Âge. Mais le modèle ? Il faut supposer que l’artiste sculpte un bas-relief avec une finesse à faire rougir Michel-Ange ; qu’il prenne comme modèle un visage correspondant point par point à ceux d’icônes situées à 3 000 km ; qu’il sache, non seulement atteindre à une physionomie parfaite, mais encore graver de multiples traces du flagrum – petit fouet – romain dans le dos, des traces de la couronne d’épines ; qu’il ait deviné que la crucifixion se faisait au niveau des poignets, etc. Décidément le faussaire devait être un génie hors du commun ! Dommage et étonnant que cet « archéologue » – ayant plusieurs siècles d’avance –, que ce sculpteur si extraordinaire n’ait pas laissé de traces dans l’histoire – hormis dans la lettre d’un évêque, Pierre d’Arcis, qui connaissait un autre évêque qui connaissait le « peintre » (sic)…

Et le carbone 14 ?

Mais si l’hypothèse d’un faussaire est difficilement soutenable, comment expliquer une radiodatation aberrante ? De nombreuses hypothèses ont été envisagées. Elles vont d’un apport de carbone lors de la formation de l’image à des retouches très finement exécutées qui auraient « rajeuni » les échantillons de tissu. On peut discuter ces hypothèses, les contester, les réfuter peut-être. Mais, à tout prendre, elles ne sont pas moins crédibles que celle d’un linceul confectionné au Moyen Âge.

Le linceul de Turin recèle bien des mystères, mais le plus grand d’entre eux n’est-il pas que certains n’envisagent pas un instant son authenticité, ayant décidé une fois pour toutes et a priori de l’impossibilité des miracles ? En cette matière, le doute est toujours permis et légitime. Mais que certains ne soient nullement troublés par les solides arguments en sa faveur, que le doute ne les titille pas un quart d’heure la nuit, a quelque chose de stupéfiant. Mais peut-être que la parole du Seigneur devrait être prise à la lettre : « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. »