Ces dernières années, un certain nombre d’initiatives ont vu le jour dans l’Église en France pour accompagner les musulmans convertis, qui ont choisi le Christ contre toute attente, bien souvent contre leur famille et leur culture. Il s’agit par exemple de Mission Ismérie, ou des Forums Jésus le Messie, dont le prochain événement se déroule le 28 janvier à Versailles.
Il faut s’en réjouir, car de fait, une enquête de l’ECLJ, le Centre européen pour le droit et la justice à Strasbourg, montrait bien en mars 2021 quelles étaient les difficultés de ces hérauts du Christ dans notre société multiculturelle. « Mépris, agressions verbales ou physiques, menaces pouvant aller jusqu’au harcèlement et au rejet de la part de leur communauté d’origine », en particulier chez les femmes. Au point que bien souvent, le déménagement ou la fugue constituent la seule solution pour échapper à la violence, notait encore l’ECLJ, jouant ainsi le rôle de lanceur d’alerte.
Bien sûr on n’ira pas jusqu’à parler de persécutions, comme au Nigeria ou au Nicaragua, par respect pour les chrétiens qui versent leur sang. Même si le pape François lui-même, parlant des persécutions antichrétiennes le 8 janvier dernier, déplorait également une « lente marginalisation » et une exclusion de la vie sociale, « dans des pays traditionnellement chrétiens ».
Et c’est bien de cela qu’il s’agit : une persécution à bas bruit, de faible intensité, dans la mesure où un principe fondamental du droit français n’est pas respecté sur notre propre sol : la liberté religieuse et le droit de changer de religion. Certes ces parcours édifiants ne sont pas (encore) très nombreux : on parle de 300 à 400 baptêmes par an, à comparer aux milliers qui font le chemin dans l’autre sens, et qui se convertissent à l’islam, souvent par souci d’appartenance communautaire.
Dans l’Église ?
C’est la raison pour laquelle il est étonnant que ces ex-musulmans ne soient pas davantage soutenus et accompagnés au sein de l’Église. Au point même de décourager la démarche vers le baptême de ceux qui n’ont pas une force d’âme suffisante, ou rencontré les bonnes personnes sur leur route. Il arrive même que certains retournent vers l’islam face à des catholiques peu sûrs de leur foi en catéchuménat : « au moins, témoigne l’un d’eux, on est sûr qu’ils croient en Dieu ! »
Témoignage douloureux et isolé peut-être, mais qu’il faut entendre ! Entre le dialogue avec les musulmans et l’annonce missionnaire de l’unique salut en Jésus-Christ, c’est le deuxième terme qui doit aujourd’hui être réaffirmé comme un impératif nécessaire.
Sans doute faudrait-il aussi se souvenir qu’au plan de la foi, toutes les religions ne se valent pas, comme l’avait réaffirmé en 2000 la déclaration Dominus Iesus du cardinal Ratzinger. Rappelant le commandement de Jésus d’annoncer l’Évangile au monde entier et de baptiser toutes les nations, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de l’époque avait tenu à souligner que « les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l’unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique ».
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La France condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir voulu renvoyer dans son pays un copte égyptien accusé de prosélytisme
- Affaire des minarets contre la Suisse : L’ECLJ soumet ses observations écrites en tierce intervention
- Pour les musulmans convertis au Christ