En quoi ce 80e anniversaire du Débarquement revêt-il une dimension singulière pour votre diocèse ?
Mgr Jacques Habert : De fait, en dépit du temps qui s’écoule, voici 80 ans que cet anniversaire attire les foules. Celui que nous allons célébrer cette année est sans doute l’un des derniers auquel participeront quelques vétérans. Bien sûr, nous allons rendre hommage à tous ceux qui se sont sacrifiés, mais nous allons aussi prier intensément pour la paix : il s’agit malheureusement d’une prière d’une grande actualité… Que le souvenir des combats du Débarquement, comme notre prière, nous aident à devenir des artisans de paix !
Cinq messes seront célébrées le 6 juin sur les sites du Débarquement. C’est tout un symbole ?
En effet. La messe, c’est la bonté de Dieu qui se rend présent dans une hostie et dans une coupe. Ainsi, en ce jour anniversaire, l’amour de Dieu sera présent sur ces plages qui furent le théâtre de la violence la plus inouïe. Au travers de la messe, c’est aussi la tendresse de Dieu et son intercession que nous implorons, en particulier pour tous ces jeunes gens qui sont tombés et pour lesquels nous éprouvons un immense respect.
La dimension œcuménique sera aussi très présente au cours de ces journées…
Oui, c’est un élément très important. Notre diocèse est jumelé depuis longtemps avec le diocèse anglican d’Exeter en Grande-Bretagne. Nous avons noué des relations très fraternelles, qui sont le reflet de la fraternité qui unissait les combattants du 6 juin, qui étaient catholiques, anglicans, protestants, juifs… Hélas, nous ne célébrerons pas la messe avec nos frères anglicans, ce qui reste une vraie blessure, mais nous serons réunis dans la prière lors d’une liturgie au cours de laquelle nous accueillerons trois lumières, venues de Grande-Bretagne, du Canada et d’Allemagne.
Cet anniversaire est aussi l’occasion de faire mémoire des figures religieuses pendant le conflit…
Il faut saluer à ce titre le travail exceptionnel réalisé par le Père Pascal Marie qui a recensé ces figures avec précision. Il s’agit de victimes des bombardements, de déportés pour faits de résistance… Au total, on décompte 138 prêtres, séminaristes, religieux et religieuses qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Certains cas sont particulièrement poignants, comme les bénédictines de Lisieux, dont 21 furent tuées dans un bombardement le 7 juin 1944.
À titre personnel, quels sont les lieux de mémoire du « D-Day » qui vous touchent le plus ?
Il s’agit incontestablement du cimetière américain d’Omaha Beach, avec ses près de 10 000 tombes magnifiquement entretenues, et où se déroulera la grande cérémonie commémorative – laïque – de ce 6 juin. Mais, en parallèle, je songe aussi au cimetière allemand de La Cambe où reposent plus de 21 000 hommes. Bien sûr, il s’agissait de l’adversaire, mais on ne peut s’empêcher d’être bouleversé par l’âge de ces hommes, dont certains étaient plutôt de grands adolescents. Je voudrais enfin mentionner l’église Saint-Étienne de Caen, alors ouverte par le curé pour accueillir des centaines de réfugiés. Elle fut épargnée par les bombardements et reste le signe d’une Église qui protège et accueille tout le monde.
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LES CÉRÉMONIES
Mercredi 5 juin, à 19 h, à la cathédrale de Bayeux
Célébration œcuménique franco-britannique, suivie d’une marche aux flambeaux vers le cimetière britannique et d’une veillée.
Jeudi 6 juin, à 7 h 30
Célébration de messes sur les plages de chacun des cinq secteurs du Débarquement.
Samedi 8 juin, à partir de 16 h, à la cathédrale de Bayeux
Cérémonie en mémoire des 138 prêtres, séminaristes et religieuses du diocèse, victimes de la guerre : messe pour la Paix, bénédiction d’une plaque commémorative et conférence.
Dimanche 9 juin, à 15 h 30, à l’Abbaye-aux-Hommes de Caen
Concert participatif pour la paix.
