Un jour, ravi en extase, saint Benoît-Joseph Labre s’écria en parlant d’une âme : « Seigneur, je la veux de votre miséricorde ; oui je la veux ! » (cité par Jean Ladame dans Saint Benoît-Joseph Labre. Un mystique en haillons). Si, tout homme qu’il était, notre saint put se montrer envahi d’un tel désir, on n’a pas de peine à croire combien Jésus, l’Homme-Dieu et la sainteté en personne, nous a tous aimés d’une dilection qui dépasse tout ce que nous pouvons soupçonner. Sa vie en est une preuve ; le long fleuve de son Précieux Sang coulant pour nous et notre salut, une autre. Voilà pourquoi la dévotion aux souffrances du Christ sous la forme des sept effusions apporte à nos cœurs son flot de lumière et de consolation, et nous presse à ne plus vivre pour nous-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous (cf. 2 Co 5, 15).
Circoncision
Les prémices de ce Sang qui coulera sur le bois de la Croix
On se souvient du mot de Pascal placé sur les lèvres de Jésus : « Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi » (Pensées). Car le Sang de Jésus coule, et ce dès sa douloureuse circoncision. Huit jours après sa nativité, le Christ se soumet à ce rite demandé par la Loi. Il commence à se sacrifier pour nous racheter du péché et nous rendre à l’amour du Père tels des enfants bien-aimés. Devant ce mystère de la circoncision du Seigneur, nous aspirons à ce qu’une goutte de son Sang divin touche aujourd’hui notre cœur. Oui ! que cette petite goutte dissolve en elle les caillots de dureté et d’indolence qui empêchent l’amour surnaturel de circuler en nous et à travers nous. Qu’elle permette à ce cœur de battre et d’être pleinement ouvert au bon plaisir du Père dans les moindres détails du quotidien : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ! » (cf. He 10, 7).
Sudation
Du sang au Jardin des oliviers
En un sens, nous sommes devenus nous-mêmes la souffrance de Jésus, la croix de Dieu. Car nous lui avons imposé le lourd fardeau de nos fautes et de nos innombrables péchés. Mais le Seigneur sait parfaitement que « la charité est patiente », qu’elle est « douce et pleine de mansuétude » (cf. 1 Co 13). Voilà pourquoi, laissé seul par les apôtres tristement endormis, il pleure au Jardin des oliviers et laisse couler une sueur de Sang.