Les saints qui ont servi leur patrie et le Ciel - France Catholique
Edit Template
Aumôniers militaires : servir les âmes et les armes
Edit Template

Les saints qui ont servi leur patrie et le Ciel

Image :
La Charité de Saint-Martin Huile sur toile, Louis Anselme Longa,. Eglise de Saint-Martin d'Oney (Landes). FONT size="2pt">© Abmg / CC by-sa

Les saints qui ont servi leur patrie et le Ciel

Les saints qui ont servi leur patrie et le Ciel

Soldats, ils se sont convertis pour la plupart au sein de l’armée, avant d’être canonisés. Aumônier en réserve citoyenne, chanoine honoraire de Saint-Louis-des-Invalides, le Père Jean-Yves Ducourneau brosse leurs portraits.
Copier le lien

Saint Longin. La Tradition voit en lui le centurion qui conduit Jésus au Calvaire. à la mort de Jésus, il perce le côté du Sauveur avec une lance. Chargé de garder son tombeau, il est témoin des prodiges réalisés au moment de la Résurrection. Sa foi s’éveille alors. Après son temps de service, Longin quitte l’armée et, après avoir reçu le baptême, il aurait évangélisé la Cappadoce. Selon la Tradition, c’est ce centurion romain qui confessa sa foi au pied de la Croix : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39).

Saint Maurice et ses compagnons de la légion thébéenne sont de vrais hérauts de l’Évangile. En 286, l’empereur Maximien persécute les chrétiens et fait venir de Thèbes, en Égypte, une légion pour les exterminer. Or, parmi les 6 000 soldats qui la composent, certains sont chrétiens. Refusant d’exécuter ces ordres et de prendre part à une cérémonie païenne, ils sont exécutés. Parmi ces martyrs de la foi, se trouve le décurion Maurice, devenu le saint patron de l’infanterie. Saint Defendente et saint Victor, qui avaient échappé au massacre, furent pourchassés et, eux aussi, martyrisés.

Saint Martin (316-397). Né dans une famille païenne, dans l’actuelle Hongrie, il suit les traces de son père qui fut soldat. Cependant, il s’intéresse au christianisme et devient catéchumène. À 18 ans, il donne la moitié de son manteau à un pauvre grelottant de froid. En fait, il donne la part qui lui appartient, la doublure, car la cape est propriété romaine. Ce geste le conduit au baptême, ayant revu le pauvre en songe sous les traits de Jésus. Influencé par saint Hilaire de Poitiers, Martin devient moine puis évêque de Tours, et fonde des monastères en Occident.

Saint François d’Assise (1181-1226). Oui, ce grand saint fut aussi soldat ! Né dans une famille de riches marchands d’Ombrie, François se laisse influencer par la recherche de la gloire humaine. Il revêt la cuirasse militaire mais reste insatisfait. Il sombre dans la maladie. Une voix intérieure le pousse à une conversion radicale. Ayant vendu son cheval et donné son armure à un pauvre chevalier, il revient chez lui et se laisse bercer par la beauté de la nature qui englobe aussi les malades. La Tradition le présente embrassant un lépreux. Contemplant le crucifix dit de Saint-Damien, il entend le Christ lui demander de réparer son Église. Devant son père coi, il se dépouille de tout ce qu’il possède et se met sous la protection de l’Église. Aidé de ses compagnons, il devient un soldat de la foi partout où il est envoyé.

Saint Ignace de Loyola (1491-1556). originaire du pays basque espagnol, le soldat Ignace possède un tempérament téméraire. Hélas, un boulet de canon lui brise la jambe durant le siège de Pampelune, en 1521. Moribond, il se met à lire la vie des saints et se convertit. Il renonce, dans le jeûne, à ses passions qui sont la gloire du combat et la gent féminine. Diminué physiquement, il mène le combat intérieur au moyen du discernement et de la méditation. Il devient « pèlerin et soldat de Dieu ». Avec des compagnons, il devient prêtre et fonde la Compagnie de Jésus en 1534, basée sur les fameux Exercices Spirituels, qui « renouvellent l’homme jusque dans son fond et le rendent pleinement soumis à la divine autorité » (Pie XII).

Saint Camille de Lellis (1550-1614). Camille naît dans une noble famille d’Italie. Instable et dissipé, il s’engage dans l’armée espagnole. Fréquentant les tripots de jeu, il arrive à perdre tout ce qu’il possède. Renvoyé de l’armée, sans le sou, il devient homme à tout faire chez les capucins de San Giovanni Rotondo où sa conversion est en germe. Son état de santé s’aggrave, son ulcère à la jambe devient incurable. Il ne peut devenir prêtre. Il se rend à l’hôpital de Rome. Heurté par la misère des malades et le peu de soins qu’ils reçoivent, il devient infirmier. Sa conversion lui fait voir dans les pauvres malades le Christ souffrant. Avec quelques compagnons, il fonde les Clercs Réguliers des Infirmes – les Camilliens. Il aura une grande influence sur saint Vincent de Paul qui, lors d’un séjour à Rome, fréquente son hôpital, où les pauvres sont considérés comme « nos seigneurs et nos maîtres ». Saint Vincent lui-même verra dans les soldats blessés le Christ souffrant. Il enverra quelques-uns de ses prêtres comme aumôniers militaires et quelques Filles de la Charité sur les champs de bataille s’occuper des blessés. L’institution royale des Invalides est issue de cet apostolat.


Saint Charles de Foucauld (1858-1916). Natif de Strasbourg, il vient d’une famille chrétienne, mais il renonce à Dieu durant sa jeunesse, par manque de preuve de son existence. Officier en 1876, il trouve son plaisir dans la nourriture et les fêtes, au point d’être surnommé « Gros Foucauld ». Après un séjour en Algérie, déçu par l’armée qu’il sert pourtant avec abnégation, il démissionne en 1882. Il retourne en Afrique du Nord, au Maroc, et commence un travail scientifique qui est reconnu. Il rentre à Paris. Insatisfait de lui-même, il cherche des preuves de l’existence de Dieu et rencontre l’abbé Huvelin qui va buriner sa foi à un point tel que Charles entre chez les moines de la Trappe. Mais, là encore, il est insatisfait. Il cherche « la dernière place » et part à Nazareth pour servir de domestique chez les Sœurs clarisses. De retour en France, il est ordonné prêtre et part pour Béni Abbès (Maroc). Seul, il prie pour avoir des compagnons en passant de nombreuses heures devant Jésus au tabernacle. En 1904, il part chez les Touaregs. Amoureux du Cœur-Sacré de Jésus, il vit au milieu d’eux, en ermitage, jusqu’au 1er décembre 1916 où il est assassiné.

Le pape Jean XXIII (1881-1963). Élu pape en 1958, Angelo Giuseppe Roncalli vécut une période militaire mouvementée. Incorporé dans l’infanterie en 1901 pour que son frère reste sur l’exploitation agricole de ses parents, il est envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale. En 1915, il sert dans le service de santé des armées, comme sergent de l’armée royale italienne, avant d’être appelé comme aumônier militaire. Servant en hôpital, il soigne et console les blessés, les amenant, par son zèle charitable, à la foi, à l’espérance et à la charité, vertus qui restent le fil conducteur de son pontificat. 

Des armes et des âmes, Père Jean-Yves Ducourneau, éd. Pierre Téqui, 2023, 290 pages, 20,90 €.

Le café du Padre. Chronique de vie d’un aumônier militaire, Père Jean-Yves Ducourneau, Salvator, 2019, 232 pages, 19 €.