«Toute l’histoire de l’Église prouve que Dieu accomplit des miracles en présence des reliques des saints » écrivait saint Thomas d’Aquin. D’où leur vénération que l’on doit aux premières communautés chrétiennes. Une tradition qui perdure, inscrivant les fidèles dans ce patrimoine spirituel multiséculaire de l’Église.
L’immense cortège des saints
Avant même d’abriter les reliques de la Passion, la cathédrale abritait celles de saint Marcel, évêque de Paris et contemporain de sainte Geneviève, confiées aux chanoines au IXe siècle pour échapper aux pillages des invasions normandes. Il reposait aux côtés des saints Justin, Lucain et Séverin, eux aussi mis en sûreté. Deux autres châsses figurent à l’inventaire de 1699, l’une abritant des reliques de plusieurs anonymes, l’autre contenant des restes des saints Côme, Damien, Paul, Denis, Leodegar, Crispin et Crescent. Le Trésor de Notre-Dame comprenait en outre, des ossements de sainte Anne, et des saints Nicolas, Jean-Baptiste, Blaise, Louis, Siméon, André et la soutane de saint Germain. La cathédrale possédait également plusieurs châsses de la Vierge, abritant l’une une tunique, l’autre un fragment de sa ceinture, mais aussi une goutte de lait de la Mère de Dieu ainsi qu’une mèche de ses cheveux.
Las, en l’espace d’une nuit, l’ensemble du Trésor disparaît en août 1792. La Révolution fait fondre les reliquaires et détruire les reliques. Il se reconstituera avec l’arrivée des reliques des saints Pierre, Paul, Barthélemy, André, Luc, Étienne, Roch, Sébastien et des saintes Agathe et Barbe. Certaines reliques de sainte Geneviève, présentes dans l’église éponyme, furent confiées au Trésor, qui compte également des objets de saint Louis, ses instruments de pénitence, une chemise et un étui d’ivoire. À cette cohorte céleste non exhaustive, nous pouvons ajouter la présence des saintes Clotilde, Aude, Marine, Ursule, Colette et bienheureuse Isabelle de France, et des saints Remy, Landry, Côme, Damien, Bernard, Benoît, Vincent de Paul, François de Sales et François d’Assise.
Reliques de la Passion
Mais de toutes ces reliques, les plus précieuses ont été acquises par saint Louis en 1239. Délaissant ses atours royaux, c’est pieds nus et vêtu d’une simple tunique qu’il a porté la Sainte Couronne jusqu’à Notre-Dame de Paris avant de déposer l’ensemble des reliques de la Passion, un morceau de la Vraie Croix, et un Saint Clou, dans la chapelle du palais. Pour les conserver, il leur fallait un reliquaire à leur mesure : la Sainte Chapelle. Mises à l’abri à la Bibliothèque nationale pendant la Révolution, elles sont confiées à l’archevêque de Paris après le Concordat qui les affectera à Notre-Dame de Paris en 1806. Depuis cette date, elles sont placées sous la garde statutaire des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.