Les partis contre le bien commun - France Catholique
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Élections législatives : Comment reconstruire ?
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Les partis contre le bien commun

Simone Weil disait des partis qu’ils étaient « des machines à fabriquer de la passion collective ».
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© Romain Vincens / CC by-sa

La dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République au soir des élections européennes accélère l’évolution de la vie politique vers une tripartition qui oppose un bloc central regroupant les élites urbaines, aisées et progressistes aux deux blocs d’opposition à gauche et à droite. Mais le bloc central, sous l’effet de l’impopularité d’Emmanuel Macron, s’érode de plus en plus et les projections montrent que son électorat, relativement âgé, est en perte de vitesse. À terme, ira-t-on vers une nouvelle bipolarisation de la vie politique entre deux blocs irréconciliables qui cherchent uniquement à se combattre ? Dans ces conditions, comment promouvoir le bien commun ?

Exigence de vérité et de justice

C’est le moment de relire la Note sur la suppression générale des partis politiques que Simone Weil avait publiée en 1940. Avec la radicalité qu’on lui connaît, elle estimait qu’un parti politique est d’abord « une machine à fabriquer de la passion collective », qui éloigne le citoyen de l’exigence de vérité et de justice qui devrait l’animer. De fait, le passage de l’individuel au collectif pose question : telle personne exprimant un raisonnement subtil et nuancé dans le cadre de la vie privée devient aisément un militant caricatural reprenant des éléments de langage préformatés quand il se retrouve dans une structure de masse comme l’est un parti politique, qui simplifie à l’excès la pensée pour lui donner une force de frappe électorale susceptible de remporter les suffrages.

Luttes idéologiques

Simone Weil soutient ensuite qu’un parti politique « est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres », de sorte qu’ils puissent rarement délibérer en toute indépendance.

Enfin, elle ajoute que « l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite ». De fait, les modalités de financement public des partis politiques lui donnent raison : un parti remporte 1,50 € d’argent public par voix et par an s’il présente des candidats aux élections législatives qui totalisent un score de plus de 1 % dans 50 circonscriptions. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi certains partis s’obstinent à présenter des candidats alors qu’ils savent pertinemment qu’ils n’auront aucun élu. Le parti devient alors une fin et non un moyen.

Au fond, le problème du parti réside dans sa définition même, qui suggère que l’on partitionne le bien commun pour n’en défendre qu’une partie correspondant à son segment électoral, qu’il soit sociologique, corporatiste ou idéologique. En dialectisant à l’infini les oppositions dans une optique de lutte idéologique, l’esprit de parti est le contraire du bien commun.