Des « guerres de Religion » très politiques - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Des « guerres de Religion » très politiques

La religion ne fut qu’un motif, parmi d’autres, des guerres qui secouèrent l’Europe aux XVIe et XVIIe siècles. Ces conflits, qui virent aussi s’opposer les protestants entre eux, avaient souvent pour origine des rivalités politiques.
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Massacre de la Saint-Barthélemy. Musée International de la Réforme, Genève. © Fred de Noyelle / Godong

Le wokisme est un avatar du marxisme qui lit l’histoire sous l’a priori de la lutte des classes : un opprimé se libérant d’un oppresseur. Qu’il soit minoritaire, comme en Angleterre, ou majoritaire, comme en France, le catholique est forcément intolérant et a toujours tort.

On ressasse le massacre de Wassy commis par les troupes  du duc de Guise en 1562, mais on oublie la « Michelade » de Nîmes, où 80 « papistes » furent assassinés par des émeutiers protestants, cinq ans plus tard. Et qui se souvient des 39 jésuites massacrés par le corsaire huguenot Jacques Soria en 1570, alors qu’ils se rendaient au Brésil ? Leur martyre a été raconté par Richard Verstegan dans son Théâtre des cruautés. Au concile de Trente, en 1563, le cardinal de Lorraine évaluait à 3 000 les religieux martyrs, devenus 5 000 en 1568 pour le Père Henri Samerius.

Un concept inadapté

L’expression « guerres de Religion » recouvre des conflits des XVIe et XVIIe siècles dont la foi serait la principale motivation. Leur durée prouve que cette explication est bien insuffisante. En France, les tenants de la « religion prétendue réformée » – c’est ainsi qu’on désignait le protestantisme dans les actes royaux de l’époque – « protestèrent » de 1562 à 1598, date de la promulgation de l’édit de Nantes par Henri IV. Aux Pays-Bas d’alors, la guerre dura quatre-vingts ans (1566-1648) et trente ans dans le Saint-Empire, de 1618 à 1648, donc bien après la contestation de Luther en 1517. Les contemporains parlaient simplement de guerre civile, révoltes, troubles.

La religion était un motif parmi d’autres, parfois manipulé pour en cacher de moins avouables. Le protestantisme justifia le lucre de princes avides pour s’emparer des biens de l’Église. Bien souvent, ces troubles avaient pour origine des ambitions ou des motifs politiques. Dès 1525, la Prusse se créa comme État quand Albert de Brandebourg-Ansbach, grand-maître de l’ordre Teutonique, défroqua et sécularisa les terres de l’ordre. Henri VIII s’établit chef de l’Église d’Angleterre pour divorcer et confisquer tous les monastères entre 1536 et 1539.

Les nobles et les assemblées instrumentalisèrent le calvinisme pour imposer au roi un partage du pouvoir, dans une sédition similaire à la Fronde. Aux Pays-Bas, ils abusèrent de la faiblesse du pouvoir après l’abdication de Charles Quint en 1555 : les Provinces-Unies de Guillaume d’Orange firent sécession en 1579 sur une base confessionnelle.

En France, la contestation grandit pendant la régence de Catherine de Médicis, après l’accident d’Henri II en 1559. L’autorité royale était menacée car les protestants s’alliaient aux Anglais et aux Navarrais. Charles IX élimina les chefs militaires, dont l’amiral de Coligny, le 24 août 1572, la nuit-même du mariage de sa sœur, la reine Margot, au chef huguenot Henri de Navarre. La foule s’en mêla. La Saint-Barthélemy fit 3 000 morts à Paris et 7 000 ailleurs, selon l’historien David El Kenz. Mais les Valois, soucieux d’affirmer leur souveraineté, éliminèrent aussi les Guise de la Ligue catholique, alliée à l’Espagne. Henri III le paya de sa vie en 1589, assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. L’affirmation du pouvoir royal absolutiste continua sur la même ligne avec les Bourbons. Louis XIII se devait de réduire les places de sûreté (La Rochelle, 1629). Et Louis XIV mit un terme à la révolte des Camisards cévenols convertis au protestantisme (1704).

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