Les feux mal éteints de la guerre civile au Liban - France Catholique
Edit Template
Le Liban chrétien
Edit Template

Les feux mal éteints de la guerre civile au Liban

La guerre civile qui a ravagé le Liban de 1975 à 1990 a laissé de profondes séquelles. Qui expliquent en partie le conflit d’aujourd’hui.
Copier le lien

L’histoire de la guerre civile qui secoua le Liban entre 1975 et 1990 est faite de rebondissements et de revers d’alliances. La borner à ces deux dates, admises par convention, ne suffit pas à la comprendre : ce conflit plonge ses racines dans une histoire plus ancienne, et l’on en vit encore les conséquences.

Remontons à 1969. En novembre sont signés les accords du Caire, qui ponctuent un échec de l’armée libanaise. Celle-ci avait tenté, en avril, de prendre le contrôle des camps palestiniens installés au Liban depuis 1948. En vain : l’État libanais n’est plus assez fort pour imposer sa loi aux combattants de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), armés par plusieurs États arabes. Ces accords permettent aux fedayins de poursuivre leur combat contre Israël depuis le territoire libanais. Les Palestiniens forment un État dans l’État. Les tensions s’aggravent entre chrétiens et musulmans – même si le facteur religieux n’explique pas tous les conflits.

L’intervention syrienne

Le 13 avril 1975 se déroulent deux drames. D’abord, un attentat contre Pierre Gemayel, chrétien, fondateur du parti Kataëb – phalanges –, blessé alors qu’il préside l’inauguration d’une église. En représailles, les phalangistes chrétiens mitraillent un bus de militants palestiniens : 27 morts. La guerre a commencé, marquée par une série de massacres – dans les deux camps – et alimentée par les puissances voisines. Le 6 juin 1976, les troupes syriennes entrent au Liban, au prétexte de rétablir l’ordre et la paix. La Syrie soutiendra bientôt l’OLP, contre les forces chrétiennes qui avaient d’abord approuvé son intervention.

Au sud, la guerre se poursuit entre Palestiniens et Israéliens. Tsahal intervient une première fois au Liban en 1978, pour repousser vers le nord l’OLP. Puis une seconde fois, massivement, en juin 1982 : c’est l’opération « Paix en Galilée ». Bousculant les troupes syriennes, l’armée israélienne entame le siège de Beyrouth Ouest, qui s’achève le 21 août avec le départ pour Tunis des cadres de l’OLP. Une victoire pour Tsahal et pour les phalangistes de Bachir Gemayel, élu président de la République en août 1982, mais assassiné en septembre.

Avec l’exil de l’OLP – mais non de tous les Palestiniens – prend fin la première phase du conflit. La seconde verra la montée en puissance, dans le sud du Liban, du Hezbollah, organisation chiite fondée en 1982 et soutenue par l’Iran, devenue une République islamique trois ans plus tôt. Dans un manifeste de 1985, le Hezbollah, implanté dans le sud du pays, désigne « Israël, l’Amérique, la France et les Kataëb » comme ses ennemis et se fixe pour objectif « l’anéantissement total [de] l’entité sioniste usurpatrice de la terre sacrée de la Palestine islamique ». Le 23 octobre 1983, 256 marines américains et 58 parachutistes français, déployés à Beyrouth dans le cadre d’une mission internationale de maintien de la paix, périront dans deux attaques-suicides revendiquées par le Jihad islamique, affilié au Hezbollah. C’est l’attentat du Drakkar. Américains et Français quitteront le Liban en mars 1984.

Trop de problèmes non réglés

Plusieurs épisodes marqueront la fin de cette guerre civile : la victoire du Hezbollah sur un mouvement chiite rival, Amal ; le conflit entre chrétiens opposant le général Michel Aoun, désigné président du Conseil, aux Forces libanaises, désormais dirigées par Samir Geagea ; et l’échec de la « guerre de libération » conduite par le général Aoun contre les forces syriennes, encore présentes au Liban – phase qui s’achèvera par l’exil du général.

Signé en octobre 1989, l’accord de Taëf, censé mettre fin à la guerre civile, laissera bien des problèmes en suspens – la Syrie accroissant sa mainmise sur le Liban ; Israël contrôlant toujours le sud du pays par le truchement de l’Armée du Liban Sud ; le Hezbollah conservant ses armes pour lutter contre l’État hébreu…