L’encyclique du pape sur le Sacré-Cœur - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’encyclique du pape sur le Sacré-Cœur

Dans sa quatrième encyclique, Dilexit nos, « sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ », le pape François remet le Sacré-Cœur au cœur du monde et de l’Église. L’analyse du Père Jean-François Thomas.
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© Antoine Mekary / Godong

Lors du 50e anniversaire de l’encyclique de Pie XII sur le Sacré-Cœur, Haurietis aquas, rédigée en 1956, Benoît XVI insista sur l’aspect suivant : « Ce mystère de l’amour de Dieu pour nous n’est pas seulement le contenu du culte et de la dévotion au Cœur de Jésus : il est aussi le contenu de toute véritable spiritualité et dévotion chrétienne. Il est donc important de souligner que le fondement de cette dévotion est aussi ancien que le christianisme lui-même. »

Révélations de Notre-Seigneur

Le Souverain pontife actuel avait annoncé le 5 juin dernier la publication de sa quatrième encyclique sur ce même thème, profitant du 350e anniversaire des apparitions et révélations de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial. Il avait alors précisé que son texte reprendrait toute la tradition des Saintes Écritures et des documents magistériels sur le sujet afin de mettre en valeur toutes les dimensions « de l’amour du Seigneur qui peuvent éclairer le chemin du renouveau ecclésial » et qu’il proclamerait « quelque chose de significatif à un monde qui semble avoir perdu son cœur ». Le pape François, de par son origine jésuite, ne pouvait pas être indifférent à cette dévotion puisque la Compagnie de Jésus est consacrée au Sacré-Cœur depuis que le Christ lui-même avait choisi ses membres – en commençant par saint Claude La Colombière – pour être les apôtres privilégiés de cette spiritualité.

« Contempler le Christ »

Une première lecture de Dilexit nos – « Il nous a aimés » – ne permet guère de saisir toute la richesse du contenu et de s’arrêter sur des aspects plus déroutants, comme le premier chapitre sur « L’importance du cœur » dont certains paragraphes sont psychologisants. En revanche, apparaît nettement une construction dogmatique dans les chapitres suivants, « Voici le Cœur », « Des gestes et des paroles d’amour », « Voici le Cœur qui a tant aimé », « L’amour qui donne à boire », « Amour pour amour ».

Certains accents sont très proches de l’encyclique de Pie XII. Sans doute sommes-nous ici en présence de la plus doctrinale des lettres de François. Les 220 paragraphes et les 227 notes sont un fourmillement sur lequel il faudra s’arrêter pour le scruter et le méditer. Retenons déjà le souci pontifical, à la suite de tous ses prédécesseurs, de redire ce qu’est une juste conception de la dévotion au Sacré-Cœur : « L’image du cœur doit nous renvoyer à la totalité de Jésus-Christ en son centre unificateur et, simultanément à partir de ce centre unificateur, elle doit nous amener à contempler le Christ dans toute la beauté et la richesse de son humanité et de sa divinité » (n° 55). En revanche, les analyses du jansénisme ancien et d’un prétendu jansénisme contemporain sont plus fragiles (n° 86), alors que la mise en garde contre tout activisme extérieur est bienvenue (n° 88).

Comme presque toujours avec les écrits, magistériels ou non, de ce pontificat, la structure comporte de solides éléments et d’autres plus faibles, car provenant d’un jugement personnel. Les passages les plus profonds et les plus spirituels sont ceux sur le Cœur transpercé (chap. 4) dont les paragraphes sur la consolation et la componction : « Le désir nécessaire de consoler le Christ, qui naît de la souffrance en contemplant ce qu’il a enduré pour nous, se nourrit aussi de la reconnaissance sincère de nos servitudes, de nos attachements, de nos manques de joie dans la foi, de nos vaines recherches et, au-delà de nos péchés concrets, de la non-correspondance de nos cœurs à son amour et à son projet. Cette expérience nous purifie car l’amour a besoin de la purification des larmes qui, en fin de compte, nous rendent plus assoiffés de Dieu et moins obsédés de nous-mêmes » (n° 158). Et plus encore, le pape souligne bien l’importance de la réparation (n° 181-204) sous ses différentes facettes.

Un texte composite

Sur la forme, Dilexit nos est longue, touffue, composite, mêlant les citations des Pères et des Docteurs de l’Église, des mystiques et des saints, les textes des conciles et du Magistère, mais aussi des références littéraires, philosophiques et théologiques. Le style peut varier d’une page à l’autre, tantôt très doctrinal et traditionnel, tantôt pastoral, tantôt expression d’opinions personnelles et de jugements particuliers.

Cette encyclique est, en tout cas, la bienvenue pour remettre le Sacré-Cœur au cœur du monde et de l’Église et il suffit de puiser dans les différentes strates de ce texte pontifical pour redécouvrir la tradition inépuisable.