La liturgie, qui est participation sacramentelle à l’action sanctifiante, est aussi le meilleur accès à l’intelligence du mystère chrétien. Une intelligence en acte. La célébration de la Pentecôte, c’est-à-dire de la venue de l’Esprit Saint sur l’Église annoncée par le Christ, est aussi pour la communauté ecclésiale l’occasion de prendre pleinement connaissance de sa nature. Car l’Église vit de l’Esprit Saint et les fidèles eux-mêmes reçoivent leur Salut et leur vocation de ce même Esprit. D’où l’importance du sacrement de confirmation, aussi appelé chrismation.
La confirmation plus tôt ?
La tradition de l’Église d’Orient, toujours observée, veut que ce sacrement soit reçu en même temps que le baptême. Si la tradition occidentale est différente, avec réception différée, conférée souvent à l’adolescence, il n’empêche qu’il s’agit bien du sceau définitif de l’initiation chrétienne, complément indispensable du baptême. Ajoutons qu’il y a sûrement lieu d’examiner la requête de certains théologiens qui estiment que la confirmation devrait être conférée avant même la première communion des enfants.
Sans doute, le fait qu’en cette Pentecôte, la confirmation soit reçue par des centaines d’adultes permet-il de comprendre l’importance de l’engagement des fidèles à la mission de l’Église. Elle peut être l’occasion d’un retour à la vie sacramentelle, comme une nouvelle naissance – ce que les Anglo-Saxons appellent born again. Elle résulte souvent d’une vraie conversion, pour ceux qui avaient oublié leur baptême. C’est aussi une façon d’aborder le mystère même de l’Église, née de l’effusion de l’Esprit à la Pentecôte. Et ce n’est pas superflu aujourd’hui, où cette Église est le plus souvent maltraitée, accusée de tous les maux. Cela peut aller jusqu’à la diffamation, jetant par exemple l’opprobre sur l’ensemble du corps sacerdotal à partir des fautes de quelques-uns. Certes, l’Église a toujours à se purifier du péché des siens, elle a même à se réformer sérieusement, répondant à l’avertissement des plus vigilants de ses saints, telle une Catherine de Sienne. Mais la réforme ne saurait consister en un remodelage arbitraire, à la merci des idéologies du moment et de l’agenda de quelques prescripteurs.
L’Épouse du Christ
Car l’Église est née à la Pentecôte, pur don de l’Esprit, comme Épouse du Christ. Elle ne résulte pas d’une sorte de volonté générale, elle provient de la seule volonté divine. Si elle est in via, c’est-à-dire en marche, c’est qu’elle ne correspond pas encore à la plénitude eschatologique annoncée. Elle possède néanmoins « dans le Christ glorieux toute la gloire à laquelle elle est promise », une gloire « anticipée par l’Esprit qui vit en elle » (Louis Bouyer).
C’est pourquoi cette fête de Pentecôte doit être l’occasion de nous tourner vers la Jérusalem glorieuse de la Promesse, forts de tous les dons de l’Esprit. Il n’y a pas d’Église cachée, invisible, préservée des fautes de siens ; il y a une Église en marche qui s’efforce de répondre à l’appel divin, en annonçant à toutes les nations la Bonne Nouvelle du Salut.