L’école de Bethléem - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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L’école de Bethléem

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Il y a soixante ans, foulant la Terre sainte où naquit le Sauveur, le pape Paul VI incitait à se mettre à l’école de la Sainte Famille : « Comme nous voudrions, près de Marie, acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines ! » Mais pour saisir quelle est cette sagesse apportée à notre époque, il faut préciser que la poésie de Noël, ô combien charmante, ne résume pas à elle seule la profondeur du mystère de l’Incarnation. Le poète britannique Frederick William Faber, soulignait ainsi que la « beauté céleste » de la crèche, cette douce nuit étoilée où tout semble paisible, va de pair avec le « mystère étonnant de ce Bethléem inhospitalier, qui ne veut pas donner à son Dieu une place pour qu’il puisse naître dans ses murs ».

« De la crèche au crucifiement »

La liturgie, maîtresse de la vie de l’Église, témoigne elle aussi de ce paradoxe. Dès la nuit de Noël, les fidèles entonneront, sans y penser peut-être, ces paroles du « Il est né le Divin Enfant » : « De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère. De la crèche au crucifiement, Il nous aime inlassablement. » Puis le temps de Noël nous fera passer sans transition, un jour seulement après la Nativité, à la lapidation du premier martyr, saint Étienne. Avant de nous montrer quelques jours plus tard le massacre des Saints Innocents, morts pour avoir semblé menacer le pouvoir du roitelet Hérode.

Contraste étonnant, que n’a cessé également de scruter Edith Stein. Méditant sur Noël, la philosophe juive convertie au catholicisme, devenue sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix et morte à Auschwitz, affirmait ainsi : « Le mystère de l’Incarnation et le mystère du mal sont étroitement liés. Sur la lumière descendue du Ciel se détache, d’autant plus sombre et menaçante, la nuit du péché ».

Aussi, face à cette nuit sombre de la violence, du mépris des plus faibles, des enfants et des vieillards, la tentation peut être forte de baisser les bras et de trouver bien fragile la naissance d’un enfant dans une crèche… « Le cœur de l’homme est-il si dur pour ne pas avoir changé en vingt siècles ? », interroge ainsi un prêtre.

Mais Dieu, lui, ne se lasse ni ne se décourage. Paul VI encore, à Bethléem : « Même pour le mal qu’en qualité de médecin de l’humanité, le Christ a connu et dénoncé avec la plus énergique vigueur, Il a eu une infinie miséricorde, jusqu’à faire surgir, par le moyen de la grâce, de surprenantes sources de rédemption et de vie. » Voilà la fine pointe du mystère de Noël : Dieu ne désespère jamais de la conversion de l’homme, au point de se faire tout petit pour toucher les cœurs, comme il l’a fait avec Paul Claudel une fameuse nuit de Noël 1886, à Notre-Dame de Paris, devant la Vierge au Pilier. « Je ne peux craindre un Dieu qui se fait si petit », déclarait de son côté sainte Thérèse de Lisieux, elle aussi touchée par la grâce de Noël la même année, et qui, enfant facilement pleureuse, trouva une force surnaturelle qui la conduisit dès lors à grands pas vers la sainteté.

Mais attention : cette petitesse de l’Enfant-Jésus n’est pas de la faiblesse. Au contraire. C’est la puissance de Dieu, celle-là seule qui peut sauver l’homme du péché, à travers les sacrements. « Le Sacré-Cœur de l’Enfant de Bethléem est venu pour être le vaste feu central du monde refroidi », ajoutait Faber. C’est donc de là que tout peut renaître.