Les calvairiennes sont fondées en 1617 par le Père Joseph, prêtre capucin, proche conseiller de Richelieu en charge de la politique internationale. Leur vocation est de prier pour la France. En grand spirituel, le Père Joseph sait qu’il est vain de combattre ou de négocier si personne ne prie et il considère que la création de cet ordre complète son action au service du pays. Les Filles du Calvaire deviennent ainsi le bras priant de la France, les orantes de l’État.
La France en danger
En 1636, la France traverse une crise angoissante. Louis XIII et Richelieu se sont décidés l’année précédente à entrer en guerre contre la Maison d’Autriche pour tenter de désenclaver le pays. Après de brillants succès, les armées françaises subissent de violentes défaites sur tous les fronts. En présence d’un pareil danger, le pays entier se tourne vers Dieu dans la prière. Les calvairiennes sont particulièrement sollicitées par le Père Joseph. Prières et mortifications sont leurs moyens d’action.
Sœur Anne-Marie de Jésus Crucifié vit dans l’un des couvents parisiens de l’ordre. Cette mystique est favorisée de plusieurs apparitions du Christ. Il fait d’elle son intermédiaire pour la délivrance de plusieurs messages concernant le roi. Tout d’abord, Jésus rappelle à Louis XIII ses devoirs de chrétien et de roi, lui expliquant qu’il est né pour servir son Dieu et son peuple. Lors d’une nouvelle apparition, Jésus demande que le roi se mette, lui et le pays, sous la protection de la reine du Ciel. Sœur Anne-Marie transmet toutes ces demandes au Père Joseph et celui-ci, convaincu de l’authenticité des messages, en parle immédiatement au roi.
La promesse de Sœur Anne-Marie
Entre-temps, les revers français s’accentuent, et les armées ennemies s’avancent jusqu’aux environs de Compiègne. C’est la panique à Paris, les habitants s’enfuient vers le sud. Mais Sœur Anne-Marie promet que l’ennemi va bientôt reculer. Cette prédiction redonne vaillance au roi et à son gouvernement qui commençaient à désespérer. On lève une nouvelle troupe qui repousse miraculeusement les ennemis. Le roi voit dans cette victoire la main de Dieu, d’autant plus que Sœur Anne-Marie avait expressément nommé les villes reprises.
Louis XIII est fortement impressionné par les apparitions du Christ à la religieuse, et par ses prédictions concernant la guerre. Cet épisode marque un changement profond dans sa vie spirituelle, qui devient alors de plus en plus fervente. Pour prouver sa reconnaissance à Dieu, il décide d’accomplir les demandes de Jésus et promulgue l’acte de consécration, en 1638 : « Nous déclarons que, prenant la Très Sainte et Très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets. »
Jésus s’est servi de Sœur Anne-Marie, humble religieuse, pour toucher le roi de France et glorifier sa mère. Avec beaucoup d’humilité, Louis XIII accepta de placer la Vierge Marie au-dessus de lui dans la hiérarchie politique de l’État, manifestant ainsi la primauté du spirituel sur le temporel.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- 7 - La vocation sacerdotale
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010