« Le Sacré-Cœur est le plus puissant des outils politiques » - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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« Le Sacré-Cœur est le plus puissant des outils politiques »

© Robert Cheaib / CC by-sa

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Fresque de l’église Notre-Dame du Sacré-Cœur, place Navone, Rome.
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« Le Sacré-Cœur est le plus puissant des outils politiques »

La fête du Sacré-Cœur est célébrée cette année le 7 juin, pendant les élections européennes qui se déroulent, selon les pays, du 6 au 9. Comment cette dévotion peut-elle inspirer les élus et les citoyens ? Le maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), qui a consacré sa ville au Sacré-Cœur, à titre privé, répond à France Catholique.
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Vous renouvelez chaque année la consécration de Montfermeil au Sacré-Cœur de Jésus. En constatez-vous des fruits pour votre ville, qui a été touchée par les émeutes de juillet 2023 ?

Xavier Lemoine : Le bien le plus précieux qui découle de cette consécration au Sacré-Cœur de Jésus est la paix. Je la renouvelle à titre privé, chez moi, au moment de la fête du Sacré-Cœur et ce depuis que j’ai été élu maire en 2002. J’ai repris le flambeau de l’édile précédent, Pierre Bernard, qui avait initié cette dévotion. Je dois reconnaître aussi que les investissements conséquents faits par l’État ont pu produire des effets salutaires, pérennes et incontestables : nous sommes passés de 225 voitures brûlées et de 200 vols à l’arraché par an à moins de 10. Par ailleurs, le niveau scolaire dans les écoles de la commune remonte et une franche convivialité existe, alors que plus de 40 nationalités cohabitent.

Cependant, je sais que cette paix est fragile. En juillet 2023, après la mort du jeune Nahel, à Nanterre, la violence est montée d’un cran : il y a eu beaucoup plus de dégâts en trois jours qu’en trois semaines lors des événements de 2005. Les émeutiers avaient une stratégie précise ciblant les commissariats, les mairies et les équipements publics. Pendant des heures, l’issue des combats nocturnes, d’une particulière violence, est restée incertaine. J’ai alors senti un féroce combat, invisible mais palpable. Il fallait tenir. Au regard du nombre de tirs de mortiers, de cocktails Molotov et de cailloux lancés, c’est un miracle s’il n’y a pas eu de blessé, ni plus de dégâts, à Montfermeil. Indéniablement, la ville a bénéficié d’une forme de protection.

Malheureusement, depuis le 7 octobre 2023, le ressentiment de certains de mes administrés vis-à-vis de la situation à Gaza est explosif. Les Maghrébins, notamment, étouffent de devoir se taire et de cacher leur colère. À tout moment, je pense que la France peut connaître un bain de sang. L’homme de terrain que je suis demande donc humblement au Seigneur de lui faire comprendre les situations et d’être attentif à toutes les misères humaines et sociales. Pour m’aider, je fais dire un certain nombre de messes sur mes deniers personnels et de nombreuses communautés, congrégations et groupes de prière prient pour Montfermeil.

En quoi la consécration au Sacré-Cœur de Jésus peut-elle redonner ses lettres de noblesse à la politique ?

Le Christ a demandé à sainte Marguerite-Marie Alacoque de porter à Louis XIV la demande de consécration de la France à son Sacré-Cœur en 1689 en usant de ces mots : « Mon Cœur adorable […] veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous les ennemis. » Au Portugal, à Fatima en 1917, la Sainte Vierge a souhaité la consécration de la Russie à son Cœur immaculé pour qu’elle arrête de « répandre ses erreurs dans le monde ». L’acte de consécration, ce n’est pas une dévotion de bigote : c’est l’outil politique le plus puissant qui soit ! Les hommes s’en souviennent quand la France est à genoux. La basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre, voit le jour après la défaite de 1870 et la dévotion au Sacré-Cœur prend une dimension particulière durant la Première Guerre mondiale. Le 11 juin 1915, le cardinal Amette, archevêque de Paris, consacre la France au Sacré-Cœur de Jésus. L’acte est lu solennellement dans toutes les cathédrales et églises du pays pour demander à Dieu de sauver la France. Trois ans plus tard, dans la petite église de Bombon, en Seine-et-Marne, non loin de son quartier général, le général Foch consacre à titre privé les armées françaises et alliées au Sacré-Cœur. Enfin, quand sonne le glas de la Deuxième Guerre mondiale, le 17 juin 1945, devant tous les évêques et cardinaux réunis à Montmartre, la France est de nouveau consacrée au Sacré-Cœur, après le triomphal périple de Notre-Dame du Grand Retour qui fut acclamée dans tout le pays.

Dans les moments tragiques, la France se souvient et revient au Sacré-Cœur. Et ce n’est pas une démarche obsolète ! En 2016, le président Pablo Kuczynski a consacré le Pérou au Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur immaculé de Marie. L’acte de consécration comme action politique sert toujours à associer notre réalité humaine fragile et complexe à la bienveillante attention et intervention de Dieu.

Diriez-vous que les conditions du redressement de notre pays sont surnaturelles ?

Elles l’ont toujours été ! Pensons à Clovis recevant l’onction de saint Remi à Reims, pensons à sainte Geneviève et à sainte Jeanne d’Arc. L’histoire de France est fantastique et c’est réconfortant ! Les conditions du redressement passent, selon moi, par le fait de revenir à la vocation de la France et non à son identité, impossible véritablement à définir car les critères sont subjectifs. Souvenons-nous de la difficulté à imaginer, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, un ministère de l’Identité nationale ! La vocation se reçoit, elle ne souffre pas d’ambiguïté, et celle de la France est d’être « la fille aînée de l’Église, éducatrice des peuples » selon les mots des papes. Nous, Français, ne savons plus qui nous sommes et quels ont été les dons de la France. Il faut retourner à notre vocation qui est de faire connaître, aimer et respecter la France. Dans ma commune où 40 nationalités se côtoient, vous gagnez le cœur des gens en les faisant adhérer à ce qui fait la vocation de notre pays et en leur faisant défendre les valeurs qui doivent être défendues.

Quel message adressez-vous à la jeunesse, car le pays ne va pas se redresser en un jour…

Quand je songe au pèlerinage de Chartres, pour la Pentecôte, j’entrevois une jeunesse synonyme d’espérance et d’engagements. Cependant, je voudrais lui délivrer un message : attendre un sauveur en politique est une illusion. Dans ma commune de Montfermeil, si je n’avais pas de bons commerçants, de bons professeurs et de bons policiers dans les commissariats, je ne ferais pas de bonnes choses… Le seul qui nous sauve, c’est le Christ qui nous dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Je crois donc en l’action bénéfique de chacun d’entre nous dans la perfection de son devoir d’état, et je crois en la puissance et en l’efficience de la prière. Enfin, je crois que nous sommes tous en responsabilité dans le relèvement de la France. Gardons confiance, la Providence n’a eu de cesse de combler notre pays et, à travers lui, le monde entier.

Gardons aussi à l’esprit le formidable défi que représente pour nous, catholiques, la présence musulmane sur notre sol. Je crois en leur conversion et je pense sincèrement que les bourreaux de demain peuvent être les saints d’après-demain. Notre société progressiste, par les choix qu’elle fait sur l’IVG, la PMA, la GPA et la fin de vie, nous rend méprisables et détestables aux yeux de bon nombre de musulmans. Cependant, la France peut avoir un ascendant très fort sur eux qui se traduit dans un engagement dans le baptême, comme nous le constatons de plus en plus chez les convertis lors des vigiles pascales. Quand la chrétienté est forte, l’islam est tenu ; quand elle est faible, l’islam est un châtiment de Dieu. À nous de nous engager avec lucidité. 

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