Lors du rite de réouverture tant espéré depuis cinq ans, Mgr Ulrich frappera de sa crosse la porte fermée de Notre-Dame de Paris. La Dame de pierre lui répondra par le chant du Psaume 121, puis les portes s’ouvriront enfin. Parmi les trois parties de l’office qui suivra, le réveil de l’orgue.
Instrument par excellence de collaboration à la beauté de la liturgie, l’orgue accompagne la prière des fidèles et la sublime. C’est pourquoi il est béni, encensé et éveillé lors d’un rite particulier : « L’orgue est un instrument qui touche les cœurs. C’est une sonorité qui vient de plus haut et qui transporte. Ses fruits seront d’autant plus grands par les bénédictions qu’il reçoit », explique l’abbé Christian Métais, prêtre à Bouillé-Loretz (79), rappelant qu’« une bénédiction est une grâce particulière pour que l’objet béni soit utilisé selon le sens de Dieu. »
Instrument céleste
À ses côtés, l’organiste principal de la paroisse, Jean-Charles Benoist, témoigne : « L’orgue est le trait d’union entre la terre et le Ciel. Il y a quelque chose de céleste dans cet instrument. » Leur église, Saint-Pierre-ès-Liens, a connu elle aussi, en 2016, les ravages des flammes, trois ans avant l’incendie de Notre-Dame de Paris (cf. FC N° 3833). Bouillé-Loretz se souvient de l’éveil de son orgue le 9 mars dernier par Mgr Pascal Wintzer, alors archevêque de Poitiers. « Un événement assez rare, sauf dans notre paroisse puisqu’il y a cet instrument dans chaque église », sourit l’abbé mélomane, qui décrit ce rite « extrêmement beau », identique à celui qui se déroulera lors du réveil du grand orgue. Par huit fois, l’archevêque de Paris s’adressera à l’instrument, qui lui répondra par une improvisation de plus en plus belle.
L’orgue prend vie
« À chaque étape, l’orgue va parler très progressivement. Les sonorités sont de plus en plus riches jusqu’à terminer par s’exprimer avec tout son éclat », détaille Jean-Charles Benoist. L’orgue sera invité à entonner la gloire du Père, célébrer le Fils, chanter l’Esprit-Saint, élever nos chants vers Marie, porter l’action de grâces des fidèles, apporter le réconfort de la foi à ceux qui sont dans la peine, soutenir la prière des chrétiens, et enfin proclamer la gloire de la Sainte Trinité. « Dans ce dialogue extraordinaire, l’orgue, qui a vu ses capacités développées par la bénédiction, est considéré comme une personne, qui concentre un résumé de la nature humaine », s’émerveille l’abbé Métais. « Il prend vie et devient le prolongement des mains de l’organiste, de son cerveau et de son âme. Parfois, j’ai l’impression que l’orgue m’apprend à jouer et devient le professeur », rapporte l’organiste.
Cette émouvante cérémonie de réouverture se poursuivra par le chant de l’office, puis viendront la bénédiction finale et le chant du Te Deum. Enfin réveillée et parée de majesté, la cathédrale sublimée pourra accueillir en son sein la messe inaugurale. Et chacun pourra revenir prier, à l’instar de Claudel derrière son pilier, et rendre grâce avec lui : « En ce jour d’aujourd’hui parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez, Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée. »
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- Jean-Paul Hyvernat
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La France et le cœur de Jésus et Marie