Le duel prodigieux de la Semaine sainte - France Catholique
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La Tunique de la Passion
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Le duel prodigieux de la Semaine sainte

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© P Deliss / Godong

Sommet de l’année chrétienne, événement central de l’histoire, la grande Semaine sainte qui mène à Pâques s’apparente à un combat grandiose entre la vie et la mort. En une séquence qui condense le message de ces Jours saints, la liturgie du dimanche de la Résurrection fait ainsi résonner le beau chant du Victimae paschali laudes« À la victime pascale, chrétiens offrez le sacrifice de louange » –, avec notamment ce raccourci saisissant : « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne… »

Comme jadis les Hébreux passèrent de l’esclavage en Égypte à la marche vers la Terre promise, les chrétiens célèbrent une victoire, celle de la vie éternelle sur la mort humaine, par la Résurrection du Christ, vrai Dieu et vrai homme.

Euthanasie : le débat relancé

C’est aussi le moment choisi par les députés favorables à l’euthanasie pour examiner en commission la proposition de loi qui classerait la France parmi les pays les plus transgressifs en la matière. Parmi les voix qui s’élèvent contre cette rupture majeure, l’écrivain Michel Houellebecq affirme au Figaro qu’ « il n’y a aucun besoin d’être un catho réac pour être contre l’euthanasie ».

Certes, nul ne le contredira, mais il serait dommage de se priver de toute aide surnaturelle dans ce combat où les forces en présence semblent par trop inégales. Il faut se souvenir qu’il y a deux ans, jour pour jour, le chef de l’État lui-même affirmait devant les cultes, sans vouloir trancher, que le débat sur la fin de vie s’apparentait à une « immense bataille entre Eros et Thanatos », entre les pulsions de vie et de mort. Un combat qui traverse la conscience et le cœur de chacun – y compris des députés qui auront à se prononcer sur ce choix crucial.

C’est pourquoi il convient de reconnaître que ce combat n’est pas uniquement politique. Il est aussi spirituel. Saint Paul l’exprime de façon forte : « Nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes » (Ep 6,10-12).

Or tout combat d’ordre spirituel suppose de prendre les armes spirituelles qui conviennent : la prière et la pénitence, pour que les forces de vie puissent enfin triompher dans notre pays. Surtout en cette année où est commémoré le 80e anniversaire de la victoire de 1945, ainsi que celui de la libération des camps. Belle occasion de redécouvrir qu’au beau milieu de l’horreur concentrationnaire, des fleurs de vie ont jailli, et que pour une part, celles-ci avaient une origine chrétienne. C’est ainsi que l’écrivain juif italien Primo Levi, déporté à Auschwitz, reconnaîtra tout ce qu’il doit à la Divine Comédie de Dante, œuvre majeure de la littérature chrétienne, pour garder le sens de la dignité humaine dans le lieu même de la déshumanisation : « C’est comme si, moi aussi, commentera-t-il, j’entendais ces paroles pour la première fois : comme une sonnerie de trompettes, comme la voix de Dieu. »

Dans le débat actuel sur la fin de vie, c’est sans doute la « voix de Dieu », qui restaure la dignité de l’homme souffrant à Son image et à Sa ressemblance, qu’il convient de faire entendre haut et fort.