« Le congé de naissance est un leurre » - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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« Le congé de naissance est un leurre »

Pour Pascale Morinière, la présidente des Associations familiales catholiques (AFC), le gouvernement cherche surtout à faire des économies, plutôt que de considérer la politique familiale comme un investissement.
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Le Président de la République s’inquiète de la baisse de la natalité en France. Votre réaction ?

Pascal Morinière : Je me réjouis de cette prise de conscience, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’elle est bien tardive. L’Insee a publié son bilan démographique le 16 janvier, le jour même de la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Nous avons « perdu » près de 50 000 naissances l’an dernier. Et il y en avait déjà eu 100 000 de moins entre 2012 et 2022 ! C’est un effondrement, qui était hélas prévisible. Dès le mois d’octobre 2023, j’avais prévenu Patrick Strzoda, à l’époque directeur de cabinet du Président de la République, que la baisse serait de cet ordre. Mais il en doutait… Il est temps de regarder les choses en face !

Les mesures annoncées vous semblent-elles à la hauteur de ce défi démographique ?

Je crains que l’on ait pris les choses à l’envers. Pour que la natalité reparte, il faut d’abord analyser les raisons de son recul. En France, un adulte de moins de 50 ans sur trois a renoncé à avoir un enfant, ou d’autres enfants s’il en avait déjà. Pourquoi ? L’enquête que nous avons confiée à l’Ifop en juillet 2023 permet d’identifier les freins à la natalité. Les deux premières raisons avancées tiennent aux modes de garde, trop chers ou inexistants, et aux problèmes d’emploi et de ressources financières. L’inquiétude liée à la crise climatique, dont on parle tant, n’arrive qu’en cinquième position. On voit bien quelles sont les priorités.

Fort de ce diagnostic, que pensez-vous des mesures envisagées ?

La principale concerne la garde de l’enfant. Le gouvernement dit vouloir créer un nouveau « congé de naissance ». Il s’agirait de remplacer les congés parentaux jusqu’à 3 ans, rémunérés environ 429 € par mois, par un congé de 6 mois. La rémunération se ferait en fonction du salaire et n’excéderait pas 1 800 € par mois.

Première remarque : en réalité, ce congé de naissance n’est pas de 6 mois, car il inclurait les 2 mois et demi de l’actuel congé maternité. C’est donc un congé de 3 mois et demi seulement, et même de 2 mois pour le troisième enfant puisque le congé maternité est plus long dans ce cas. C’est donc une mesure en trompe-l’œil.

Deuxième remarque : le congé parental, qui peut durer jusqu’aux 3 ans de l’enfant, serait supprimé puisqu’il s’agit de remplacer l’un par l’autre. Où est le progrès ?

En réalité, cette mesure est un leurre. Rien de plus que de l’affichage. Ce n’est pas ainsi que l’on permettra aux Français d’avoir autant d’enfants qu’ils le souhaitent. La vérité, c’est que le gouvernement cherche à faire des économies de toutes les manières possibles. Je rappelle que la branche « famille » de la Sécurité sociale est largement bénéficiaire – ce qui se comprend aisément : moins il y a d’enfants, moins il y a de prestations familiales à verser – et qu’elle est régulièrement prélevée pour abonder la branche « autonomie-vieillesse », en déficit puisque la population française vieillit… C’est un expédient, une « vision » comptable à courte vue qui néglige l’avenir. S’il n’y a plus d’enfants, comment pourra-t-on s’occuper des personnes âgées ? La politique familiale est un investissement. Le démographe et sociologue Gérard-François Dumont a démontré que le taux de natalité était corrélé au pourcentage du produit intérieur brut consacré à la famille. C’est pourquoi nous nous battons, au niveau européen, pour une modification des règles comptables : les mesures de politique familiale doivent être considérées comme un investissement et non comme une dépense, comme c’est aujourd’hui le cas – ce qui aggrave la dette des pays soucieux de relancer la natalité.

Et en France, quelles mesures préconisez-vous ?

Là encore, partons du constat. Selon l’Union nationale des associations familiales, 86 % des parents estiment que le meilleur mode de garde d’un bébé de 6 mois, c’est papa et/ou maman. On imagine mal qu’ils soient pressés de le mettre en crèche ou de le confier à une assistante maternelle
au-delà de ses 6 mois. D’où l’utilité du congé parental.

Par ailleurs, selon l’enquête menée par l’Ifop à la demande des AFC, la moitié des parents qui ont renoncé à avoir un enfant (48 %) disent qu’ils n’y auraient pas renoncé s’ils avaient pu prendre un congé parental. S’ils ne l’ont pas pris, c’est qu’ils n’avaient pas les moyens de « troquer » un salaire pour une allocation de 429 euros par mois seulement. La faiblesse de la rétribution du congé parental pénalise encore une fois la « classe moyenne ». Nous demandons que les parents puissent bénéficier d’un congé « court », de six mois à un an rémunéré à hauteur de 75 % du salaire, comme en Suède – ce qui désengorgera les modes de garde – et, pour ceux qui le souhaitent, d’un congé long indemnisé à hauteur d’au moins 1 000 € par mois. Il faut s’y décider rapidement car il est très difficile de remonter la pente.

Cet intérêt pour la natalité intervient au moment où le gouvernement s’apprête à prendre d’autres mesures, l’une sur l’avortement, l’autre sur l’euthanasie. Que vous suggère cette concomitance ?

J’y vois une sorte de schizophrénie. Quand nous avons été reçus à l’Élysée, nous avons appelé au déploiement d’un projet de vie. Or les deux projets que vous citez vont vers la mort. C’est la raison pour laquelle nous avons participé le 21 janvier à la Marche pour la vie. L’inscription de l’avortement dans la Constitution mettrait en péril la liberté de conscience des soignants et dériverait certainement vers un glissement des délais légaux. Encore une fois, le gouvernement fait du « en même temps ». Je dirais même qu’on cultive le faux-semblant, car le projet présenté comme un projet pour la natalité n’en est pas un : c’est juste un projet d’économie.