« La dévotion au Cœur eucharistique de Jésus a pour but d’honorer l’acte par lequel Jésus institua l’Eucharistie. Elle est un développement naturel du culte du Sacré-Cœur », explique le Frère Gérard de Becker, dans son Lexique du Sacré-Cœur (1978). La fête du Cœur eucharistique demeure pourtant peu connue dans l’Église. À la suite de sainte Marguerite-Marie, à Paray-le-Monial, c’est Sophie Prouvier (1817-1891) qui en fut le premier apôtre « officiel ».
Le Christ « navré de douleur »
En 1854, cette « âme privilégiée » reçoit deux révélations du Cœur eucharistique, dans la chapelle Notre-Dame du Refuge de l’hôpital de Besançon : « J’étais plongée dans la contemplation de Notre-Seigneur que je voyais navré de douleur devant le peu d’amour que lui portent les âmes favorisées de ses dons et admises à la communion fréquente : “Elles m’entourent et ne me consolent pas !” Ce Cœur divin se répandait en plaintes, avec une expression de bonté et de profonde douleur, c’est-à-dire quelque chose d’ineffablement doux dans son infinie désolation. “Mon Cœur demande l’amour comme un pauvre demande du pain.” »
Puis, de nouveau, quelques mois plus tard, Jésus insiste : « C’est mon Cœur eucharistique, fais-le connaître, fais-le aimer. » Dans ce but, Sophie Prouvier écrira vingt « élévations » pour prier le Cœur eucharistique.
La spiritualité du Cœur eucharistique commence alors à se répandre, avec l’aide du Père Hermann Cohen et de saint Pierre-Julien Eymard. Pie IX l’approuve en 1868.
En 1879, la première confrérie diocésaine du Cœur eucharistique voit le jour grâce au cardinal Guibert, archevêque de Paris : « La dévotion au Cœur eucharistique de Jésus contient et réunit en elle la dévotion au Saint-Sacrement et au Sacré-Cœur avec l’intention d’honorer par un culte spécial le Cœur sacré de Jésus dans l’acte d’amour avec lequel il a donné l’Eucharistie et perpétué à travers elle son adorable présence parmi nous. » Elle sera suivie de nombreuses autres confréries dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
En 1898, Léon XIII précise le lien qui unit la dévotion au Cœur eucharistique à celle du Sacré-Cœur : « Le culte envers le Cœur eucharistique de Jésus ne doit pas s’entendre comme différent en substance de celui que l’Église professe envers le Sacré-Cœur : seulement il choisit comme objet de spéciale vénération, d’amour, de reconnaissance et d’hommages, cet acte de dilection suprême par lequel le Cœur très aimant de Jésus a institué l’adorable sacrement de l’Eucharistie, daignant ainsi rester parmi nous jusqu’à la fin des siècles. »
En 1916, devant l’Association des prêtres du Cœur eucharistique, Benoît XV déclare : « Cette dévotion, la plus excellente, devrait spécialement être celle des prêtres. » C’est lui qui en institue la fête et l’office propre, en 1921. Il la fixe au jeudi après l’octave de la fête du Saint-Sacrement, soit le jeudi après le vendredi du Sacré-Cœur, montrant l’unité entre ces trois fêtes du mois du Sacré-Cœur.
Prière au cœur eucharistique de Jésus
Sophie Prouvier, « Élévations sur la prière au Cœur eucharistique de Jésus ».
« Cœur eucharistique de Jésus, doux compagnon de notre exil, je vous adore. Cœur eucharistique de Jésus, Cœur solitaire, Cœur humilié, Cœur délaissé, Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé, Cœur méconnu des hommes, Cœur aimant nos cœurs, Cœur suppliant qu’on l’aime, Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu’on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l’union divine, Cœur de celui qui dort, mais qui veille toujours. Cœur eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. […]. »