À300 kilomètres à l’ouest de Paris, Laval, chef-lieu du département de la Mayenne, est une ville à l’image du pays dont elle fut la seigneurie. On dit que la Mayenne est une terre de transition entre la Bretagne, secouée par les vents atlantiques, et la sérénité de la vallée des Rois des bords de Loire. Mais, en fait, la Mayenne est une terre mystérieuse… Les paysages de bocage sont coupés par des haies et l’on peut marcher sur les chemins qu’empruntaient les Chouans. Les maisons et les châteaux ont tous leur porte cachée et leurs escaliers dérobés. C’est un pays de clandestins et de guerre civile dont l’apparence paisible peut être trompeuse. La Mayenne est aussi une terre profondément catholique qui s’est levée à la Révolution pour défendre Dieu et le roi et a gardé des traces vivantes de son passé.
L’historienne Anne Bernet habite Laval et elle a, avec l’immense talent de conteuse qu’on lui connaît, écrit dans son histoire des provinces de l’Ouest, un véritable Autant en emporte le vent de la tragédie qu’ont vécue ces régions. Son Histoire générale de la chouannerie, qui a reçu le Grand Prix catholique de littérature (2001), dresse le portrait d’Antoine-Philippe de La Trémoille, l’un des généraux de l’Armée catholique et royale, qui fut guillotiné à l’âge de 28 ans dans la cour de son château – le château des comtes de Laval qui se dresse au sommet de la ville – que la Révolution française avait transformé en prison.
Aux côtés des Vendéens
Antoine-Philippe de La Trémoille, comte de Laval et prince de Talmont, était d’une famille très ancienne, noblesse d’épée qui se distingua au côté des premiers Capétiens, puis de Jeanne d’Arc. Charles VII la récompensa de cette fidélité en élevant la baronnie de Laval à la dignité d’un comté. Antoine-Philippe, qui avait émigré au commencement de la Révolution, était revenu se battre aux côtés des Vendéens et des Chouans dont il devint l’un des chefs. Sa bravoure, égale à la beauté de son allure, lui valut un véritable culte de la part de ses hommes.
Le visiteur de ce château des comtes de Laval est invité à faire un voyage dans le temps, depuis sa fondation au XIe siècle jusqu’à sa restauration au XIXe siècle, en passant par la période du gothique français puis de la redécouverte des antiquités après les guerres d’Italie, quand les galeries de plaisance ont remplacé les défenses de la tour de guet. Il pourra aussi y admirer une des plus anciennes charpentes d’Europe !
Non loin de Pontmain
À Laval et dans sa région, le renouveau catholique est très vivant, notamment avec la communauté Saint-Martin dont le grand séminaire est à Évron, dans les environs de la ville. Non loin de là, se trouve le village de Pontmain dans lequel la Vierge apparut aux enfants (17 janvier 1871) et dont le curé du temps, l’abbé Guérin, est aujourd’hui en voie de béatification. Anne Bernet, qui est la postulatrice de cette cause, a écrit une importante biographie de ce prêtre dont la vie est emblématique du renouveau spirituel de la seconde partie du XIXe siècle en ce pays de Mayenne.
Aujourd’hui, Laval, cité de 50 000 habitants, est réputée être l’une des plus sûres de France. Le climat y est doux comme la rivière de la Mayenne qui la traverse. Les Mayennais sont très attachés à leur ville et à son histoire et Laval connaît aujourd’hui un très grand succès auprès de ceux qui cherchent, avec la modernité économique permise par la facilité des transports, une vie « calme et aisée digne de l’homme et du chrétien », selon les mots de Pie XII.