Aller à la rencontre des communautés chrétiennes du Vietnam est une grâce. Ces chrétiens vietnamiens sont des résistants. Naguère, entre 1625 et 1886, ils endurèrent des persécutions qui firent près de 130 000 victimes, dont les 117 martyrs vietnamiens canonisés par Jean-Paul II en juin 1988. Après la victoire communiste de 1954 et le départ des Français (1955), près de 700 000 chrétiens s’enfuirent du Nord Vietnam. Vingt ans plus tard, l’unification communiste du pays, en juillet 1975, entraîna un nouvel exode massif : 2 millions de boat-people. Les relations entre le Saint-Siège et le Vietnam cessèrent, jusqu’au lent rapprochement esquissé à partir de 1990. L’installation du premier nonce apostolique à Hanoï, l’archevêque polonais Marek Zalewski, le 24 décembre 2023, a marqué une nouvelle étape dans ce processus d’apaisement. Il aura fallu quatorze ans de négociations… Les chrétiens vietnamiens espèrent maintenant la visite du pape François.
7 millions de catholiques
Près de quatre décennies de persécutions n’ont pas affaibli la foi de cette communauté forte aujourd’hui de 7 millions de fidèles – sur 100 millions d’habitants. Les nombreuses conversions, les églises neuves, les messes ardentes et la vitalité des vocations attestent de son expansion. Chaque année, les onze grands séminaires vietnamiens – 3 000 séminaristes – refusent des candidats, faute de place.
Le temps des persécutions directes est fini. La liberté religieuse est reconnue par la Constitution : « Chacun jouit de la liberté de croyance et de religion […] pour pratiquer une religion ou n’en pratiquer aucune. L’État respecte et protège la liberté de croyance et de religion. » « Les communistes et les catholiques se comprennent beaucoup mieux qu’autrefois », confiait en 2017 le président de la Conférence des évêques du Vietnam dans Églises d’Asie.
Cette liberté reconnue est-elle pour autant respectée ?
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