La Pléiade : la constellation poétique qui fit briller la langue française - France Catholique
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La Pléiade : la constellation poétique qui fit briller la langue française

Ronsard, du Bellay et leurs amis illustrèrent le génie de la langue française, au moment où elle devenait la langue officielle du royaume.
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L'amas des Pléiades auquel le groupe de poètes doit son nom.

© Arnaud Mariat / Unsplash

Une pléiade est un rassemblement d’étoiles qui brillent ensemble. Dans notre histoire littéraire, nous avons peu de pléiades. Celle de Ronsard et du Bellay se caractérise par l’amitié qui lie ces jeunes poètes, communiant dans l’admiration pour la Grèce antique et le désir de donner à la langue française la noblesse qu’avait la langue grecque.

L’aventure commence avec la Défense et illustration de la langue française, œuvre de Joachim du Bellay (1522-1560). Nous sommes à la période de l’édit de Villers-Cotterêts (1539), par lequel François Ier impose le français comme langue officielle. C’est donc une toute jeune langue qui va prendre la place du latin dont l’usage, même en littérature, va durer encore. Le chef de la Pléiade est Pierre de Ronsard (1524-1585). Ronsard et du Bellay partagent la même souffrance : atteints de surdité, ils ont dû renoncer au métier des armes et sont devenus poètes. Joachim du Bellay accompagnera son oncle, cardinal, à Rome. Dans ses célèbres Regrets, il écrira sa déception devant la décadence des Romains et la nostalgie de son pays natal. On y trouve le célèbre « Heureux qui comme Ulysse » et le non moins célèbre « France, mère des arts, des armes et des lois ».

Les sonnets de Ronsard

À l’école des Grecs, Ronsard et du Bellay – et leurs compagnons Baïf, Rémi Belleau, Dorat – créeront des formes que ne connaissait pas la poésie du Moyen Âge : les odes, épodes, sonnets, la plupart tirés de Pindare et venus jusqu’à eux par Pétrarque, célèbre par ses Sonnets à Laure, qui popularisera le thème des Amours. Ronsard écrit plus de 500 sonnets adressés à des belles, réelles ou imaginaires. Le thème de la rose qui meurt trop vite, comparée à la beauté féminine qui s’en va, et dont il faut « cueillir dès aujourd’hui » le fruit et le parfum, fait le refrain de tous ses sonnets.

Ce qu’on sait moins de ces poètes, c’est leur attachement, quand éclatèrent les guerres de Religion, à l’Église et au royaume de France. Ronsard s’engagera dans la bataille avec passion en affrontant Agrippa d’Aubigné, autre très grand poète qui défend la cause protestante. Ronsard publie le Discours sur les misères de ce temps sous la forme d’une épître à la reine, dans laquelle il proclame sa volonté de lutter contre les abus existant dans l’Église, mais sans jamais vouloir se séparer d’elle. Il reproche à Luther et à Calvin d’ensanglanter le royaume, ce qu’il considère comme un crime abominable. Ainsi le poète des Amours qui jouait avec ses amis à « célébrer » les dieux antiques et copiait la poésie païenne s’est révélé un catholique fidèle comme un bon soldat du royaume, qui défendra l’Église et la France en combattant avec sa plume.

Un souffle nouveau

La Pléiade apporte dans la littérature française un souffle nouveau, qui entraînera des remous jusqu’à la cour car elle n’est pas dans la lignée de la poésie médiévale et de Clément Marot qui, à l’époque, est le poète officiel. Dans ces remous, Ronsard et ses amis seront constamment protégés par le roi et la reine : originaire de Florence, Catherine de Médicis voit avec beaucoup de bienveillance ces disciples de Pétrarque et de Dante.

L’inspiration grecque et le refrain de l’amour courtois venu de la poésie italienne et provençale apporteront un vrai renouveau à la poésie française. On peut dire qu’ils ont assuré une véritable renaissance même s’ils sont tributaires, parfois sans vraiment le reconnaître, de Charles d’Orléans et de François Villon. Génie à plusieurs faces, Ronsard s’est essayé à tous les genres poétiques de l’Antiquité. Il a même composé une épopée, illisible, qu’il a appelée La Franciade dans laquelle il fait descendre les Francs des Troyens, montrant par là la vénération qu’il pouvait porter à Homère. Joachim du Bellay, plus sensible et délicat, nous est beaucoup plus proche. On retrouvera plus tard sa veine poétique dans Racine, dans Alfred de Musset et dans Verlaine.

Leurs sonnets peuplent nos anthologies : ils ont donné à notre littérature une couleur et une musique qu’elle garde encore de nos jours.