Nous sommes en 303, onze ans avant la paix constantinienne. Venus d’Égypte, 6 000 soldats, convertis au christianisme, refusent d’obéir aux ordres et de massacrer les chrétiens de la région. « Nous ne pouvons vous obéir en renonçant à Dieu, notre créateur et notre maître » dit Maurice, au nom de tous. Un carnage organisé s’ensuit. L’horreur du spectacle est réprouvée par les païens eux-mêmes.
Parmi tous ces martyrs, amis de Maurice, il y a Exupère, Candide, Victor, Innocent, Vital et Défendent. Ce dernier sera peut-être dans les derniers suppliciés puisque sa fête est au 25 et non au 22 septembre. Quelques années plus tard, les corps de Défendent et de ses compagnons sont révélés à un évêque de Sion nommé Théodore. Rapidement son culte se répand dans tout le Piémont.
Une tradition de la Gaule antique rapporte un récit un peu différent. à l’heure du massacre, une partie de cette armée était en mission. Défendent et ses compagnons avaient été envoyés aux abords du Rhône. Les cruels Maximien et Rictovarius – qui mettra à mort saints Quentin, Crépin et Crépinien et tant d’autres – savent que cette armée entière est chrétienne. Ils n’auront de cesse de les avoir rejoints pour leur faire subir le même sort qu’à Maurice. Les soldats ne cherchent pas à fuir. Ils ont appris le sort de leur camarade et se présentent à leurs juges sanguinaires. Défendent affirme : « Nous ne sommes pas venus d’Orient pour être des bourreaux, mais pour gagner des victoires. » Cette insolence paisible provoque la fureur du procureur. Ils sont tous massacrés sauvagement. Leur courage fait l’admiration des habitants. Les chrétiens de la vallée du Rhône viennent recueillir les corps de Défendent et de ses compagnons et cachent ces reliques dans la ville de Marseille. Elles seront activement recherchées et retrouvées par une révélation divine – « divina revelatione corpora reperta » – par l’évêque Théodore au VIe siècle. Celui-ci écrira lui-même la vie de notre saint et fait ériger sur son tombeau une splendide basilique qui, hélas, sera détruite, comme l’auguste basilique de saint Victor, au Xe siècle.
Désireux de restaurer le culte de saint Défendent si longtemps oublié, Mgr Charles-Philippe Place, évêque de Marseille, fit construire une chapelle vicariale qu’il vint bénir, le 21 novembre 1875 ,dans un faubourg de la cité phocéenne. Elle devient paroisse dès l’année suivante et accueille depuis 1985 la communauté vietnamienne de la ville.
Pensée spirituelle
« Ne soyons pas des chiens muets, ne soyons pas des guetteurs silencieux, ne soyons pas des mercenaires qui fuient devant le loup » (saint Boniface avant son martyre en 754).
Courte prière
« Permets, Seigneur, que nous puissions tenir sans défaillance et proclamer la foi dont les martyrs ont su témoigner. »