La mémoire vive de saint Martin - France Catholique
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La mémoire vive de saint Martin

L’apôtre des Gaules a marqué de son empreinte la capitale de la Touraine.
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Tombeau de saint Martin de Tours dans la crypte de la basilique Saint-Martin, à Tours.

J’ai quitté la Méditerranée et suis revenu dans le nord de la France, devrais-je plutôt dire dans le cœur de la France, à Tours – une ville, « calme, amoureuse, rieuse, fraîche et fleurie » comme disait Balzac qui y était né et y avait passé son enfance. Aujourd’hui encore, elle est douce et se balance entre Loire et Cher.

Immense centre religieux

Tours a été pendant des siècles un immense centre religieux et, par là-même, culturel et politique. L’apôtre des Gaules, celui qui avait partagé son manteau à la porte d’Amiens et adhéré au Christ, en a été l’évêque de 371 au 11 novembre 397. C’est la présence de la tombe de cet immense saint qui fit la fortune de la ville pendant plus d’un millénaire.

Le pèlerinage sur la tombe de celui que les orthodoxes appellent « le treizième apôtre » fut pendant la période mérovingienne, sous l’impulsion notamment de Grégoire de Tours, grand saint, grand historien, puis pendant la période carolingienne, le deuxième pèlerinage en Europe après Rome.

Les plus brillants personnages sont venus à Tours chercher auprès de Martin les grâces dont ils avaient besoin. Clovis y célébra un triomphe après la bataille de Vouillé, Clotilde, son épouse, se retira pendant plusieurs années de veuvage au plus près du tombeau pour vivre comme une moniale. Alcuin, le conseiller de Charlemagne, désigné comme « l’homme le plus savant de son temps », fut abbé de Saint-Martin. Charlemagne vint quatre fois et emporta la relique la plus précieuse placée sur le tombeau, la chape de Martin, qu’il déposa dans son palais d’Aix dans un grand reliquaire.

La liste est bien trop longue pour énumérer tous ceux qui sont venus de France et de toute l’Europe s’incliner sur la tombe du saint. Jeanne d’Arc y préparera sa reconquête du royaume, y sera armée et y fera faire son étendard. Elle séjourna un mois dans le Vieux Tours au plus près, elle aussi, du tombeau. Ville douce à son souvenir puisqu’elle dira dans son procès de Rouen : « Tours, c’est la seule ville de France dans laquelle je n’ai pas pleuré. »

Si Louis XI choisit de s’établir à Tours après la guerre de Cent Ans dans son château du Plessis, c’est lui aussi pour être au plus près du tombeau du saint qui, bien que né en Hongrie et originaire de Pavie, était devenu le plus grand protecteur de la France. Si ce beau prénom est aussi le nom de famille le plus répandu en France, c’est encore grâce à lui.

Tours et l’Italie

Les liens de Tours avec l’Italie sont constants depuis saint Martin. Louis XI fera venir auprès de lui saint François de Paule, fondateur de l’ordre des Minimes, qui mourra dans la ville. Les rois de la Renaissance installeront dans la « capitale du royaume » des artistes italiens qui apporteront des rinceaux, des coquilles de Vénus, des ouvertures dans les maisons, des loggias et des galeries, acclimatant la France médiévale à un raffinement ultramontain que l’on appellera la Renaissance. Les châteaux, « semés comme des reposoirs », « le long du coteau courbe et des hautes vallées » pour plagier Péguy, en sont la plus belle expression.

La Révolution a coupé avec violence les traditions martiniennes qui s’étaient répandues en France et les Français ont oublié Martin… Mais doucement à Tours, elles reprennent et, le 11 novembre, tous les monuments de la ville s’illuminent en rouge en hommage au manteau du soldat romain. Cette année, plus d’un millier de personnes ont suivi en procession un soldat romain à cheval, entre la cathédrale et la basilique. Une lueur d’espérance…