La leçon des martyrs - France Catholique
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Persécutions : le martyre des chrétiens
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La leçon des martyrs

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La dernière prière des martyrs chrétiens, 1883, Jean-Léon Gérôme, Walters Art Museum, Baltimore, États-Unis.

Année après année, la longue litanie des persécutions à l’encontre des chrétiens dans le monde poursuit sa sinistre progression : elle a quasiment doublé en moins de dix ans, selon le rapport de l’ONG Portes Ouvertes. Sans qu’aucune instance internationale ne s’émeuve d’ailleurs de ce que le christianisme soit la religion la plus persécutée au monde…

Il faut donc chercher ailleurs que dans une hypothétique justice temporelle la signification spirituelle de ces nouveaux siècles de martyrs – le début du XXIe siècle ainsi que le siècle précédent. Et pour cela, il n’est pas inutile de se replonger dans les premiers siècles, à Rome, sur des lieux emblématiques tels que le Colisée et les catacombes.

C’est la démarche entreprise par saint Philippe Neri, le grand apôtre de Rome, qui s’est illustré par sa liberté chrétienne au beau milieu de la société corrompue de la Renaissance. Le secret de son aisance, affirmait le Père Louis Bouyer, se trouvait dans ses longues échappées nocturnes à fréquenter les catacombes, ce « royaume encore secret dont il fut un des premiers découvreurs ». Là, il reprenait contact avec « la vie primitive d’une Rome chrétienne disparue, mais intacte ». Mieux, dans ce « jardin de Dieu prêt à refleurir », il puisait « à ces sources virginales d’une chrétienté morte au monde pour vivre toute à Dieu ». Apprenant ainsi, au contact des martyrs, la science des sciences chrétiennes, l’art « d’user du monde comme n’en abusant point » comme le dit saint Paul, qui ajoute : « car ce monde passe » (1 Co 7, 31). Ce qui suppose également une certaine ascèse aujourd’hui peu valorisée…

Plus tard, au XIXe siècle, les martyrs des premiers siècles inspireront encore le formidable renouveau de la foi, à l’exemple de sainte Thérèse de Lisieux. Lors de son pèlerinage à Rome, au Colisée, elle veut à tout prix baiser le sable « où tant de martyrs avaient donné leur sang pour Jésus » et demande la grâce d’être martyre elle-même… « Je sentais au plus profond de mon cœur que ma prière était exaucée », écrit-elle alors. Pourtant, elle n’est pas devenue martyre au sens strict du terme, mais elle s’est sanctifiée par le martyre « ordinaire » d’une vie offerte jusque dans ses moindres détails. Saint Paul à nouveau : « Je complète en ma chair les souffrances du Christ pour son corps qui est l’Église » (Col 1, 24).

« L’impuissance de Satan »

La conversion de l’apôtre des nations, fêtée ce 25 janvier, atteste de la fécondité du martyre, lui qui entendit dire : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes » (Ac 9, 5). C’est dire la puissance divine qui se manifeste à travers la Croix, et aussi que le christianisme ne peut s’envisager sans le mystère de la Croix… Ce que les martyrs nous apprennent, en définitive, c’est à vivre de la confiance en Celui qui a dit : « Je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Méditant sur les martyrs, le journaliste Louis Veuillot constatait qu’à Rome, on sent « l’impuissance de Satan », malgré tous les supplices et le désastre des choses humaines. Les martyrs ont vaincu l’empire romain et vaincront encore les empires modernes, quels qu’ils soient…