La jeunesse en pèlerinage à Notre-Dame - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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La jeunesse en pèlerinage à Notre-Dame

© Colomban Philippon

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Plus de 1 000 fidèles se sont retrouvés pour marcher vers Notre-Dame de Paris, le Lundi saint, 25 mars.
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La jeunesse en pèlerinage à Notre-Dame

Cinq ans après l’incendie et alors que la réouverture se profile, plus d’un millier de catholiques, principalement des jeunes, se sont retrouvés le Lundi saint pour une marche auprès de Notre-Dame de Paris. Reportage.
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Le cortège qui traverse le centre de Paris en ce Lundi saint ne laisse aucun passant indifférent. La scène, en effet, a de quoi surprendre : égrenant le chapelet et rythmant la prière par de nombreux chants, un millier de catholiques s’est élancé depuis la basilique Notre-Dame-des-Victoires pour rejoindre la Seine et la remonter jusqu’à l’île de la Cité. Le pas est vif et semble s’accélérer à mesure que l’arrivée se dessine. D’abord annoncée par une grue monumentale, elle se révèle quelques instants plus tard lorsque surgit la façade de Notre-Dame de Paris, si imposante et si vivement éclairée qu’on en oublierait presque que la cathédrale est toujours en restauration, pour une réouverture le 8 décembre 2024.

Communion des paroisses

Continuer à faire vivre la cathédrale, ravagée par un incendie le 15 avril 2019, dans la foi des Parisiens pendant la durée des travaux : tel est l’un des objectifs que s’est fixé depuis quatre ans le pèlerinage des Pierres vivantes, qui se rend chaque Lundi saint auprès de Notre-Dame de Paris. « Au-delà de nous aider à réaliser la chance que nous avons de pouvoir vivre à proximité d’une telle cathédrale, notre démarche vise aussi à manifester la communion entre les différentes paroisses de Paris sous le patronage de Notre-Dame, afin de témoigner que l’Église est bien vivante » explique Noémie Teyssier d’Orfeuil, bénévole de 26 ans et coordinatrice de l’équipe du pèlerinage. Comme souvent dans les initiatives où la jeunesse catholique est présente, les différentes sensibilités se retrouvent en effet, qu’elles soient charismatiques ou traditionnelles.

« Pèleriner vers Notre-Dame de Paris nous donne aussi l’occasion de rendre visible, dans l’espace public, la foi catholique » avance Tanguy, jeune homme de 25 ans. Mais l’essentiel est ailleurs : comme la plupart des pèlerins ce soir-là, le jeune homme est mû par une réelle affection pour la cathédrale parisienne. Il se souvient que c’est en écoutant une intervention télévisuelle de François Cheng qu’il était parvenu à poser des mots sur ce qu’il avait ressenti lors de l’incendie. En avril 2020, sur le plateau de « La Grande Librairie », l’académicien voyait dans l’incendie de Notre-Dame un drame historique, où le peuple français aurait soudainement perçu la cathédrale comme une mère. Poursuivant l’analogie, il expliquait : « Un jour, soudain, cette présence maternelle nous est arrachée. […] Dans un regret infini, on se dit qu’il y a tant de choses qu’on aurait pu lui dire, et on ne l’a jamais fait. On ne lui a même pas dit “je t’aime”. Maintenant, c’est trop tard. Ce sentiment de “trop tard” nous a saisis, au moment où la flèche s’est transformée en torche et s’est brisée. »

Très jeune, la foule était représentative des différentes sensibilités dans l’Église.
Très jeune, la foule était représentative des différentes sensibilités dans l’Église.
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Un lien charnel

Plusieurs, dans cette marche, étaient présents lors du drame, en 2019. Certains, dès 19 heures, au début de l’incendie. On se souvient alors du panache de fumée jaunie par le plomb de la couverture de la charpente, ainsi que des charbons ardents encore brûlants qui retombaient sur les têtes. Revient aussi en mémoire l’incendie de la flèche, qui semble interminable jusqu’à sa chute, à 19 h 50. Figure familière du paysage parisien, connue aussi bien des étudiants des facultés voisines que des flâneurs des quais de Seine, Notre-Dame semblait être devenue ce grand vaisseau fourmillant de visiteurs, retrouvant par intermittence son identité catholique lors des grandes célébrations, au rang desquelles les ordinations sacerdotales occupaient une place de choix. L’incendie aura eu le mérite de rappeler aux catholiques de France, de manière assez mystérieuse, que la cathédrale est plus qu’un simple joyau de l’architecture gothique. « Depuis l’incendie, j’entretiens un lien charnel et spirituel avec Notre-Dame » explique l’abbé Olivier Derlincourt, longeant avec le cortège le Louvre pour atteindre la Seine. Pourtant ordonné dans le chœur de la cathédrale, ce prêtre parisien reconnaît, comme beaucoup, n’avoir mesuré l’importance de Notre-Dame que lorsqu’il a cru la perdre, alors qu’il était sur les bords de Seine le soir de l’incendie. « En effectuant ce pèlerinage, on s’inscrit dans un mouvement de vie, vers cette cathédrale qui sera bientôt de nouveau accessible. J’espère que cette réouverture permettra aux catholiques de notre pays de se réveiller, de réaliser la beauté de notre héritage chrétien et de comprendre qu’il s’agit désormais de vivre cette foi que l’on nous a transmis » relève-t-il.

Un « mouvement de vie » qui n’est pas sans faire écho, là encore, au Lundi saint 2019. Tandis que les lances à eau inondaient le brasier de la charpente et que les gyrophares des camions de pompiers teintaient de bleu la cathédrale en feu, des groupes de catholiques, jusque tard dans la nuit, étaient restés à chanter et à prier, dans des images qui ont fait le tour du monde. « Tous les transports en commun étant interrompus, nous avons dû marcher une heure pour nous rendre au pied de la cathédrale en feu », se souvient Philippe, jeune Parisien de 32 ans, parti à l’époque avec des amis. Jusqu’à deux heures du matin, ils avaient enchaîné les chants et les prières. « Il s’est passé quelque chose de mystérieux : il fallait être là, comme si la cathédrale en feu nous appelait à son secours… » Philippe se souvient bien de « l’angoisse » du moment : les nouvelles qui parviennent sont alors catastrophiques, la tour nord étant touchée par les flammes et menaçant de provoquer l’effondrement complet de la cathédrale. Jusqu’à ce que, providentiellement, le danger soit écarté.

Un pèlerinage pour rendre grâce

« Marcher ce soir vers Notre-Dame est aussi un moyen pour nous de rendre grâce que la cathédrale soit encore debout » estime Bruno, un sapeur-pompier de 29 ans. Chapelet à la main, il raconte son attachement aux lieux : « Chaque année, j’allais voir la crèche de Notre-Dame, à Noël. Alors quand j’ai appris qu’elle était en feu, la première chose que je me suis dite, c’est que j’aurais aimé y être pour combattre les flammes. » « On a parfois l’impression que les catholiques ne savent se retrouver que pour les drames » estime encore le jeune sapeur-pompier, qui garde en mémoire les images « de toutes ces personnes à genoux devant la cathédrale en feu ». Pourtant en ce Lundi saint qui, hasard du calendrier, aurait dû être l’Annonciation, c’est bien pour entrer dans la Semaine sainte, tout en honorant la mémoire de la Vierge Marie sous le patronage de laquelle la cathédrale est placée, que ce millier de pèlerins s’est retrouvé sur le parvis de Notre-Dame de Paris pour un temps de louange avant une adoration très attendue. « Si nous faisons tout cela, c’est bien parce que la cathédrale s’appelle “Notre-Dame”, sourit Noémie Teyssier d’Orfeuil. La Vierge est la porte du Ciel, “l’étoile de l’évangélisation” comme le disait Jean-Paul II. C’est la raison pour laquelle nous terminons ce pèlerinage par une adoration : car Notre-Dame nous mène toujours au Christ. »

Les « 7 routes Notre-Dame »

Il y a cinq ans, les Français présents dans la nuit au chevet de Notre-Dame ramassaient au sol les charbons de bois de la charpente, pour emporter avec eux un peu de cette cathédrale qu’ils avaient failli perdre. Forte du succès du pèlerinage des Pierres vivantes, une nouvelle initiative s’apprête à voir le jour : les « 7 routes Notre-Dame ». S’élançant le 28 juillet, sept colonnes de pèlerins parties de toute la France rejoindront Notre-Dame le 14 septembre, pour une messe solennelle de clôture le lendemain, dans une démarche visant à « remercier Marie » pour la « renaissance de la cathédrale » et à l’invoquer « pour l’avenir de la France et du monde ».

Pour l’heure, à genoux sur le parvis, la foule adore le Saint-Sacrement, tandis que des prêtres confessent ceux qui viennent à eux. De l’autre côté de la Seine, la vie nocturne parisienne bat son plein. Rien n’a changé dans la vie de quartier, si ce n’est cette foule silencieuse et priante, bien décidée à transformer l’émotion de 2019 en ferme volonté, afin de faire de la réouverture de Notre-Dame de Paris un élan pour l’évangélisation de la France.