« La GPA engendre un nouvel esclavage » - France Catholique
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« La GPA engendre un nouvel esclavage »

Née d’une mère porteuse, Olivia Maurel lance un appel à l’abolition universelle de la gestation pour autrui (GPA). Elle dénonce un univers mercantile sans foi ni loi dans son livre, Où es-tu, Maman ? Entretien.
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© François Galice / Godong

« Je suis née avec une plaie béante », écrivez-vous dans votre livre. Pourquoi ?

Olivia Maurel : La plaie béante, c’est l’arrachement à ma mère à la naissance, et le traumatisme de l’abandon qui en découle. Je n’ai jamais entendu le son de sa voix me bercer, ni senti ses bras me serrer après être venue au monde. Ce manque a créé chez moi un sentiment d’insécurité et de grand vide. Très tôt, mon instinct me disait que ma « mère » n’était pas ma vraie mère. Physiquement, je ne lui ressemble pas, alors que j’ai des traits communs avec mon père. Je suis convaincue que nos gènes nous parlent. J’ai toujours eu avec mon père une connexion émotionnelle faite de conversations profondes et de bons moments passés ensemble. Avec ma mère, il manque toujours une connexion d’amour biologique.

Vous évoquez le « microchimérisme » entre la mère et l’enfant durant la grossesse. Pouvez-vous expliquer ce dont il s’agit ?

C’est un phénomène fascinant qui se produit lorsque des cellules provenant du fœtus migrent dans le corps de la mère au cours de la grossesse. Ces cellules fœtales peuvent alors s’intégrer dans divers tissus de la mère, le foie, le cœur et même le cerveau. Cela signifie que la mère porteuse, comme toute femme durant une grossesse, garde des « marqueurs » de son bébé et qu’elle en est marquée à vie. Quand je l’ai retrouvée, ma véritable mère – celle qui a donné son ovocyte et m’a portée – m’a confié qu’elle me souhaitait chaque année mon anniversaire. Elle gardait mon empreinte dans son cœur et dans son corps. À ma grande surprise, une seule personne avait une connaissance approfondie du microchimérisme : le pape François, que j’ai rencontré en audience privée au Vatican, le 4 avril 2024. Bien que je me considère comme athée, le Saint-Père m’a encouragée à poursuivre mon combat contre la GPA.

Vous dénoncez la propagande médiatique des lobbies pro-GPA…

Je suis indignée lorsque l’on présente sur des plateaux de télévision des enfants mineurs pour leur demander d’évoquer l’histoire de leur naissance dans une version « glamourisée ». Comment voulez-vous qu’ils soient capables de dénoncer le mensonge suivant : il est normal que ma mère ne soit pas ma mère ? Je suis issue de la première génération d’enfants nés par GPA, devenue adulte, et je suis mère de trois enfants. Je sais combien il est difficile de dénoncer l’incohérence d’une filiation. L’enfant, même devenu adulte, a peur d’être abandonné par sa famille une seconde fois.

Peut-on dire que le marché de la GPA est un nouveau veau d’or ?

C’est un marché qui rapporte des milliards de dollars. En Californie, un enfant coûte entre 110 000 et 250 000 dollars, entre les frais d’agence, les frais médicaux, les frais d’avocats chargés de rédiger un contrat et la mère porteuse, qui ne reçoit « que » 30 000 à 50 000 dollars. Nous assistons à un nouveau culte du veau d’or, qui engendre un nouvel esclavage. Par exemple, le contrat de la mère porteuse ne prend pas en compte les ennuis de santé qui peuvent résulter d’une grossesse et des doses d’hormones qu’elle s’inflige pour que son utérus ne rejette pas l’embryon. Une GPA provoque en moyenne 30 à 40 % de complications obstétricales en plus ! Sans compter l’impact de l’abandon du bébé sur la santé mentale des femmes. Ce dernier ne fait bien sûr l’objet d’aucune étude. Il faudra encore des années de combat pour ouvrir les yeux des populations sur la monstruosité de la GPA.
En attendant, sans croire en Dieu, je prie saint Michel tous les jours car les attaques des lobbies pro-GPA sont puissantes et m’ont valu des menaces de mort.