La Cène n'est-elle qu'un symbole ? - France Catholique
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La Cène n’est-elle qu’un symbole ?

Élevé dans le protestantisme, le journaliste Guy Baret a vu sa foi s’épanouir dans la foi catholique.
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La Cène, Philippe de Champaigne

La Cène, musée du Louvre. Champaigne peignit quatre Cènes, pour les monastères de Port-Royal des Champs et de Paris. © Julian Kumar / Godong

Ma jeunesse a été marquée par trois réflexions qui m’ont mis sur le chemin du catholicisme alors que je voulais devenir pasteur. Lorsque j’étais à la faculté de théologie protestante de Paris, j’ai fait la connaissance du libéralisme protestant qui prend tous les dogmes en un sens purement symbolique. Ce fut un choc car le luthérien que j’étais croyait en la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
Puis, en classant des revues de la Fédération luthérienne mondiale, j’ai découvert qu’à la question : « Est-ce que la doctrine de la justification de la Réforme par la foi seule est conforme au Nouveau Testament ? », la réponse était non ! Qu’est-ce qui justifie la Réforme alors ? J’étais troublé, et plus encore quand j’ai pris connaissance d’une séance d’exorcisme où le démon avait cédé grâce à l’invocation de la Vierge Marie Immaculée. Je me suis dit que si cela était vrai, c’est que tout ce qu’enseignait l’Église catholique était vrai.

J’ai donc écrit mon ouvrage, Lettre d’un catholique à un ami évangélique, pour enseigner ce que j’avais trouvé d’incontournable dans l’Église romaine, d’autant que 80 % des évangéliques – environ 600 000 en France – sont d’anciens catholiques.

Outre l’unité de foi et l’autorité du Magistère – alors que, dans le protestantisme, chaque église et chaque paroisse sont autonomes –, il me paraît important d’insister sur deux points pour souligner l’incohérence de la foi protestante. Pour les protestants, la Bible est pour eux la seule règle de foi. Que penser alors de cette phrase du Magnificat, tirée de l’Évangile de Luc : « Toutes les générations me diront bienheureuse » ? Cette prophétie s’accomplit-elle dans l’Église protestante ? Aucune génération d’évangéliques ne célèbre la Vierge Marie comme bienheureuse ! Et que dire des paroles du Christ instituant la Cène ? Les protestants ne voient dans l’institution de l’Eucharistie qu’un symbole, mais si ces paroles sont relatées dans la Bible, ne sont-elles pas dignes de foi ?

Enfin, certains apôtres n’ont-ils pas leur part dans l’élaboration du Nouveau Testament ? Ne constituent-ils pas la première Église dont saint Paul disait qu’elle est la colonne et l’appui de la vérité (1 Timothée 3, 15) ? Je comprends l’attrait des églises évangéliques qui repose sur l’accueil et l’ambiance très chaleureuse, qui tranche avec l’austérité de certaines de nos messes. Cependant, j’ai ouvert les yeux. Ce qui dans ma jeunesse me semblait faire obstacle à ma relation avec le Christ – la messe, la Vierge Marie, le culte des saints, l’unité de la Foi, le magistère de Pierre – est devenu un beau tremplin pour vivre pleinement ma foi catholique.

Lettre d’un catholique à un ami évangélique, Guy Baret, éd. Via Romana, avril 2024, 138 p., 15 €.