Quand le jeune président Emmanuel Macron déclare, comme il vient de le faire aujourd’hui, que la décision de faire entrer Simone Veil au Panthéon « fut celle de tous les Français », on ne peut manquer d’être surpris… Annoncée le 5 juillet de l’an passé, cette décision n’a pas été, que l’on sache, le fruit d’une consultation populaire spécifique.
Même si Mme Veil est une personnalité souvent désignée dans les grands médias comme particulièrement populaire parmi les Français, de là à définir la panthéonisation de ce dimanche 1er juillet 2018 comme le fruit d’une unanimité absolue, bigre ! Comme dit un proverbe de la sagesse populaire, qui veut trop démontrer ne démontre rien.
Emmanuel Macron a évoqué à juste titre le drame affreux que, très jeune, Simone Veil a vécu dans sa chair et dans son âme dans le camp nazi d’Auschwitz, pendant la Seconde guerre mondiale. Mais après bien des ténors du microcosme politico-médiatique qui souhaite préparer la société future, il établit un amalgame étroit entre la tragédie de jeunesse de Mme Veil et son engagement ultérieur en faveur de la légalisation de l’avortement. C’est ici que l’exigence hâtive d’adhésion, telle qu’elle est effectuée par le discours dominant, échoue sur un écueil incontournable : si on peut à bon droit demander l’adhésion de tous les citoyens à la condamnation de la barbarie nazie, comme au refus de tous les totalitarismes en ce qu’ils ont de meurtrier pour l’humanité, en revanche, il paraît contradictoire et irrecevable d’exiger que l’on renonce au principe du respect inconditionnel de la vie, qui demeure précisément un principe fondateur de toute civilisation.
Que des drames personnels entraînent des femmes au bord de la perspective vertigineuse de l’avortement, cet arrachement intime, cela ne saurait certes justifier aucune condamnation personnelle. Mais cela concerne aussi la gent masculine dans son trop fréquent égoïsme. Et cela concerne aussi toute une société, et une classe politique hypocrite souvent trop heureuse d’évacuer facilement bien des problèmes humains et sociaux.
En outre, la France et l’Europe semblent avoir oublié l’avertissement solennel du Pape Jean-Paul II : « Un peuple qui tue ses enfants n’a pas d’avenir ».
Evoquer la mémoire de Simone Veil est une chose que l’on peut sans doute comprendre, quand on pense au creuset d’Auschwitz, où tant d’autres sont passés, et trop souvent y sont morts. Evoquer la mémoire de tous les enfants tués ici ou là en est une autre. En particulier la mémoire tout aussi douloureuse de ceux qui ne voteront jamais pour personne, parce qu’ils ont été éliminés dans le ventre de leur mère.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Evolution de la loi sur l'avortement (loi Veil)
- Simone Veil idolâtrée
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux