L’alchimie des partis - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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L’alchimie des partis

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Je m’informais sur les nouvelles sans plaisir particulier, mais nous étions au seuil des « conventions » qui marquaient le début de la campagne présidentielle aux Etats-Unis. J’ai rarement ressenti autant de dégoût envers ces candidats à la présidence dans les deux partis. J’ai fait remarquer dans mes articles que nous avons un choix grave cette année entre  « quelque chose de sûr mais de brutal » et une « carte sauvage » et je n’ai d’autre choix que de jouer la « carte sauvage ». 

Je ne me fais pas d’illusion à propos Donald Trump. Je trouve une certaine analogie entre ces élections et les vieilles émissions de Dean Martin lors desquelles il se moque amèrement de ses invités (The Dean Martin Celebrity Roast) comme en témoigne ce commentaire de Don Rickles, qui a attaqué personnellement cette forme de comédie (on disait de Don Rickles qu’il était vulgaire, obscène et lubrique) : « Et pourtant, quiconque connaissait Don dans la vie privée savait qu’il était tout le contraire : d’abord, il était lubrique puis obscène… »

Mais ce qui m’a frappé, c’est que la frustration de n’avoir que ces deux seuls choix s’est focalisée sur ces personnes-là, Trump et Hillary Clinton, comme s’intéresser à ces deux personnes épuisait les autres questions réelles que l’on doit de pour pouvoir juger et déterminer son vote cette année. Je trouve assez curieux que ce qui définit les partis politiques et ce qui les rend différents de toute autre organisation du reste du paysage politique états-unien, soit des sujets absents de toutes ces discussions. 

Il manque aussi la reconnaissance de cette « alchimie » que les partis peuvent créer : ces merveilleux mélanges qu’ils façonnent au fur et à mesure des coalitions qu’ils forment avec d’autres groupes et qui les poussent à traiter les intérêts de leurs alliés comme les leurs. 

Un exemple ou deux peuvent rappeler cette dynamique mise en œuvre. Harry Truman a succédé à Franklin D. Roosevelt et les opportunités ont joué en sa défaveur quand il s’est présenté à la présidence en 1948. 

Le parti démocratique souffrait d’une hémorragie à gauche comme à droite et cela n’a fait qu’empirer les choses. Henry Wallace dirigeait la gauche afin de créer un nouveau parti progressiste avec une présence communiste importante. La position de l’administration de Truman en prenant finalement position contre l’Union Soviétique a poussé Wallace hors du parti.

A droite, Strom Thurmond quitte la Convention Démocratique pour former le parti Dixiecrat, le Parti démocrate pour les droits des Etats du sud du pays. Cette décision de leur part fut déclenchée par les changements modestes de l’administration Truman en opposition avec la ségrégation raciale dans les domaines militaires et de l’emploi. 

Avec ces passages vers des partis adverses critiques, les perspectives pour Truman semblaient être sans espoir, n’est-ce pas? 

Et bien, non. En fait, ces défections ont renforcé Truman et les démocrates. Pourtant ce qui a poussé Wallace a quitté la Gauche (sa position forte contre l’Union Soviétique) a également ramené les catholiques conservateurs qui s’étaient éloignés des démocrates pendant la guerre, quand Roosevelt a donné son soutien à Staline et aux Russes. Et ce qui a lié entre eux les ségrégationnistes du Sud a juste attiré un soutien plus ferme chez les personnes noires du Nord. 

Wallace a empêché Truman de gagner New York et Thurmond lui-même a remporté les États de Caroline du Sud, du Mississipi, d’Alabama et de Louisiane. Mais Truman a gagné de façon significative, même avec les républicains en gagnant New York et quinze autres états. 

Ce qui était en jeu dans la vie des partis à ce moment-là, c’était une compétition pour le pouvoir politique, aux yeux d’un vaste public. Ce que l’on gagne en faisant appel à un groupe peut se perdre car on s’allie à un autre groupe. L’habilité politique de construction d’un parti est de concilier les intérêts des groupes en restant réunis.      

Lorsqu’ils font cela, les partis conviennent d’une série de principes qui expliquent comment les intérêts de tous peuvent converger vers un même point. Quand ils font cela, ils ne font que développer une perspective du régime lui-même : ils cheminent vers ces principes qui expliquent comment ils voient les finalités justes de la loi et les usages justes du pouvoir politique dans la poursuite de ces principes.

Ça a fait une différence, lors de la guerre de Sécession, quand le nouveau Parti Républicain a poussé des hommes d’affaires du nord à s’allier à des fermiers pour soutenir le travail gratuit et la restriction de l’extension de l’esclavage. Il y a beaucoup d’intérêts qui ont lié les hommes d’affaires du nord et les esclaves du Sud. La manière dont la coalition a été formée a fait une importante différence au régime façonné par les Républicains.

A notre époque, ce n’est pas insignifiant si les pro-vie sont venus s’installer définitivement dans un de nos partis politiques, en n’en faisant ainsi un parti pour la défense de la vie. D’un autre côté, le parti opposé a pris le « droit à l’avortement » et la liberté sexuelle comme leurs principes définis, plus profonds que la liberté de religion, et ils ont envie maintenant de faire la guerre aux institutions religieuses et aux gens qui sont contre cette morale.

Et à travers les pouvoirs de la chambre du Sénat et de la chambre des Représentants, ils voudraient projeter cette éthique dans plusieurs zones de nos vies privées et nos entreprises, sous les contrôles de la loi.

Cette élection, donc, n’est pas un choix simple entre deux candidats repoussants à la tête de leurs partis. Il importe profondément de savoir donc si l’administration qui va nous être donnée sera pourvue, en grande partie, de gens issus des deux partis, offrant des visions radicalement différentes du régime et de la manière dont nous devrions vivre ensemble.

Hadley Arkes

Mardi 12 juillet 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/07/12/on-the-alchemy-of-party/