Justice humaine, justice divine : quelles différences ? - France Catholique
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La justice de Dieu
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Justice humaine, justice divine : quelles différences ?

La justice humaine est forcément limitée, en raison de nos imperfections. La justice de Dieu, qui sait tout, rétablit l’ordre. Le regard d’un grand avocat.
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Jésus devant Ponce Pilate (détail), entre 1505 et 1508, Jan Joest, église Saint-Nicolas, Kalkar, Allemagne.

Quand Péguy écrit : « La cité charnelle est le commencement de la cité de Dieu », il énonce une vérité confirmée par l’histoire. Ce qui se passe sur cette terre est figure de ce que peut être l’éternité. Le royaume de France était ainsi figure du royaume de Dieu, ce qui explique l’histoire de Jeanne d’Arc. Mais de l’imperfection humaine à la perfection divine, il y a une distance que, en matière de Justice, la Passion de Notre-Seigneur nous permet de mesurer.

Jésus, qui est vrai Dieu en même temps que vrai homme et qui est innocent, comparaît devant Pilate, vrai juge désigné par les autorités de la terre qui, en bon magistrat, sait que celui qu’on lui présente est innocent : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation » (Jn 19, 6). Et quand Jésus refuse de lui répondre parce que Pilate ne croit pas à la Vérité, ce dernier lui dit : « Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » (Jn 19, 10). C’est la définition même du pouvoir du juge. Mais Jésus lui répond : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19, 11). Jésus ne récuse pas alors le pouvoir de Pilate. On peut même dire qu’il le consacre, bien qu’il s’apprête à commettre une infamie. Lâche, Pilate va condamner Jésus par peur de la foule qui le menace de révéler qu’il n’est pas un ami de César, et va se laver les mains de l’injustice qu’il commet.

Insuffisances du juge

Nous voyons ici combien la justice humaine est figure de la justice de Dieu – et en quoi elle s’en distingue. Elle ne se trompe pas sur la culpabilité ou l’innocence de l’accusé, mais elle n’a pas, bien souvent, la force ou le courage de suivre ce que sa conscience lui dit. La justice humaine est bornée par les éléments du dossier et ne peut se déterminer qu’en fonction de ces éléments. Elle ne sait donc pas tout du cas qui lui est soumis. Elle est aussi limitée par les insuffisances inhérentes à l’humanité du juge : sensible au pouvoir, à la force, à l’opinion et à ses propres sentiments.

La justice divine est libérée de toutes ces entraves. Elle voit tout, sait tout et juge souverainement en pleine connaissance de cause. La miséricorde entre dans son jugement selon les mots définitifs de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Comme je comprends que Dieu soit infiniment miséricordieux puisqu’il est infiniment juste, et infiniment juste puisqu’il est infiniment miséricordieux. » L’avocat, qui est souvent la voix de la miséricorde devant le juge, comprend la vérité profonde de cette formule et l’imperfection de la justice humaine quand elle rend sa décision. La justice divine est ainsi une « surnaturelle cassation », qui remet toute chose à sa place en tenant compte de tous les éléments qu’elle est seule à connaître.

Le jugement du Christ

Mais nous n’aurions pas le pressentiment de la justice divine s’il n’existait pas une justice humaine en sachant que celle-ci surpasse en tous points les choses de la terre. Dans le jugement de Jésus-Christ, la justice humaine a condamné et Jésus a été exécuté mais la justice divine a rétabli l’ordre par la Résurrection. La Croix, poteau d’exécution et symbole d’infamie, est devenue source de rédemption et symbole de foi.