Jésus est-il venu apporter le glaive ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Jésus est-il venu apporter le glaive ?

« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). Comment comprendre ces paroles du Christ, alors que nous fêtons la paix de Noël ?
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Christ tenant un glaive dans sa bouche

Vitrail de l'Apocalypse, cathédrale de Bourges.

© Catherine Leblanc / Godong

On ne m’en voudra pas trop, je l’espère, de jeter une petite touche dissonante au milieu de la belle unanimité de Noël et de son célèbre « esprit », tout de douceur, de sourire et d’émerveillement. Car ce petit Messie, couché dans une mangeoire, nous réserve des surprises. Qu’est-il venu faire ? Nous attendrir bien sûr, nous désarmer, comme un sourire d’enfant vous désarme, nous montrer aussi l’étonnante humilité de Dieu, rompant avec les représentations d’un Dieu caché, absolument transcendant. On lira alors la magnifique litanie des noms du Messie, composée par le prophète Isaïe : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (9, 5).


Une parole déroutante


Tout cela est vrai. Mais, plus tard, quand Jésus, devenu adulte, explique à ses disciples ce qu’il est venu faire, nous voilà bien déroutés : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). Comment le « Prince de la Paix » peut-il dire une chose pareille ? Et la suite de son discours à ses disciples n’est pas pour nous rassurer : « Je suis venu mettre en lutte le fils avec son père, la fille avec sa mère, et la belle-fille avec sa belle-mère. On aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » Voilà des paroles qui jettent un léger froid autour du sapin familial. On ne peut pas dire que Jésus cultive l’ambiance sucre-glace.


Comment comprendre ? La signification profonde de Noël n’est-elle pas que Dieu est venu donner la Paix au monde ? Le Christ lui-même n’a-t-il pas dit « Heureux les artisans de paix, car ils seront dits fils de Dieu » (Mt 5, 9) ? L’Évangile serait-il contradictoire ? Nullement. Mais dans l’Évangile il faut tout entendre, et avoir l’oreille fine. Une autre parole célèbre du Christ nous met sur la voie : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; mais je ne la donne pas comme la donne le monde » (Jn 14, 27). Ainsi faut-il distinguer deux significations différentes de la paix. Il y a la paix que les hommes se construisent, et il y a la paix que Dieu nous donne. Comme dit saint Thomas d’Aquin dans son commentaire de Matthieu, « il existe une double paix, à savoir une mauvaise et une bonne, la paix du monde et la paix des saints » (§ 1272). Dans les deux cas, il s’agit de « la tranquillité de l’ordre ». Mais de quel ordre ?

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