Malgré les publications polémiques, il reste un fait : Jésus-Christ est une figure historique dont personne aujourd’hui ne remet sérieusement en cause l’existence. Les historiens reconnaissent un certain nombre de sources archéologiques et historiques relatives à ce rabbi de Galilée qui se fit connaître au début du Ier siècle par l’originalité de sa prédication et la puissance de ses miracles, dont le destin tragique est attesté par des témoins aussi divers que Tacite, Suétone, Pline le Jeune ou Flavius Josèphe.
Arguments de poids
L’authenticité et la fiabilité des récits concernant Jésus-Christ, principalement contenus dans les quatre Évangiles, sont étayées par plusieurs arguments de poids : proximité des auteurs, témoins oculaires des événements, fidélité de transmission des manuscrits – de loin les plus largement attestés de toute l’Antiquité – et véracité du récit, garantie par plusieurs critères scientifiquement admis. Dès la première lecture, les Évangiles se présentent comme de véritables biographies, bien loin du genre merveilleux ou des légendes mythologiques. De nombreuses données historiques vérifiables et dignes de confiance dressent du Christ un portrait complet et peu contestable quant aux faits.
Universitaire britannique, d’abord athée mais devenu chrétien convaincu et apologète après sa rencontre avec Tolkien, Clive Staples Lewis – auteur du Monde de Narnia –, aimait résumer la question du christianisme par un « trilemme ». Il propose de poser un regard rationnel sur la question de la divinité du Christ : selon lui, en se fondant sur ce qu’enseignent ses paroles et ses actes, Jésus ne peut qu’être un fou, un menteur ou celui qu’il dit être : le Fils de Dieu. Or la profondeur des paroles et de la doctrine du Christ, l’aura qu’il acquit sur ses contemporains, permettent d’exclure les deux premières hypothèses. Par l’absurde, Lewis parvient donc à démontrer rationnellement la troisième : Jésus est le Fils de Dieu. Certains avancent que la résurrection, événement historique attesté par de nombreux témoins, constitue un élément supplémentaire de crédibilité à l’appui de la divinité du Christ. Les connaisseurs de l’Ancien Testament ajoutent à cela l’étonnante correspondance que réalise dans sa vie terrestre l’accomplissement parfait des nombreuses prophéties prononcées au cours des siècles précédents au sujet du messie. Autant d’éléments rationnellement constatables qui permettent sérieusement d’affirmer que Jésus-Christ, vrai homme du Ier siècle de notre ère, a réellement démontré ce qu’il a prétendu être : le Fils de Dieu fait homme pour nous sauver.
Sous le regard de la foi
En ce temps de Noël, le regard de l’intelligence s’enrichit cependant de celui de la foi : quiconque se prépare à célébrer l’avènement du Sauveur naissant dans le silence de la crèche doit considérer l’enfant de Bethléem avec un regard qui ne peut se contenter des faits extérieurement constatables. Le silence de l’Avent, la douceur de la fête de la Nativité invitent à rencontrer le Christ dans une intériorité lumineuse. Il ne s’agit plus seulement de considérer le personnage historique de Jésus de Nazareth mais de rejoindre à travers lui le Dieu créateur et souverain maître de l’Univers qui se fait l’un de nous pour venir rendre à l’humanité la possibilité et l’espérance du salut.
Le regard de la foi atteint au-delà de l’événement de la vie terrestre du Christ le mystère de l’Incarnation, au cœur de tout le message chrétien : en lui la divinité rejoint l’humanité dans une union sans confusion, pour qu’à l’homme déchu et blessé soit rendue la possibilité d’un chemin de salut.
En Jésus, la seconde personne de la Trinité, image éternelle et parfaite du Père, prend un visage et une nature humaine : Dieu, qui a placé la nature humaine, libre et raisonnable, à la frontière des mondes de la matière et de l’esprit, vient à notre rencontre et se rend connaissable en devenant l’un de nous, sans cesser d’être lui-même. 100 % homme et 100 % Dieu – c’est le dogme de l’Incarnation, en laquelle la seule personne divine du Fils éternel assume une nature humaine sans cesser de partager l’unique nature divine –, Jésus nous rend accessible le visage de Dieu et devient pour nous le chemin d’une véritable divinisation : « Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (saint Irénée). Et la modalité – le « comment » de l’Incarnation – manifeste encore la toute-puissance et la miséricorde infinies de Dieu : vrai Dieu et vrai homme, Jésus pose des actions, imputables à toute sa personne, qui sont à la fois humaines et divines – on parle d’actes « théandriques ». C’est ainsi que par le don librement accepté de sa vie – humaine – sur la croix, la personne – divine – de Jésus offre à Dieu un sacrifice d’une valeur infinie, qui rachète les péchés du genre humain, appelé à participer mystérieusement à cette action rédemptrice par le biais de l’Église et des sacrements.
Le sacrifice de la Croix
Expliquons pour conclure ce dernier point : lorsque Jésus meurt sur la Croix, son sacrifice compense bien au-delà de tout le mal commis par les hommes. Mais puisque ceux-ci se sont librement éloignés de Dieu, c’est librement qu’ils sont invités à participer à leur salut, en s’unissant à l’offrande de leur rachat à travers l’Église, dont la mission est de perpétuer et communiquer l’œuvre de Jésus sur la terre. Vrai Dieu et vrai homme, Jésus sauve l’homme et lui ouvre à nouveau la voie vers Dieu : Noël est le temps donné année après année pour contempler le mystère qui nous sauve, l’Incarnation du Fils, qui nous permet de redevenir des fils.
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