Quand Jérôme Lejeune prononce le discours de San Francisco, en 1969, pour dénoncer publiquement les nouvelles pratiques eugéniques de la médecine, il est un scientifique de renommée internationale, reconnu comme le généticien le plus prometteur de sa génération, couvert de reconnaissances. Il siège dans les plus grandes instances scientifiques internationales. Les patients viennent du monde entier dans sa consultation de l’hôpital Necker.
Il faut donc mesurer l’héroïcité de cette prise de parole publique. Jérôme Lejeune est au faîte de sa carrière. Il a tout à perdre en prononçant son fameux « tuer ou ne pas tuer, telle est la question » au Sheraton Palace, devant une salle archicomble, alors qu’il va recevoir, à 43 ans, le plus grand prix de génétique au monde, le William Allan Memorial Award.
Un ancrage spirituel profond
Pour comprendre ce qui a poussé Jérôme Lejeune à s’engager dans le combat pour la vie au point de tout perdre, il faut saisir l’extraordinaire unité qui le caractérise. Jérôme Lejeune ne s’est pas inventé héraut de la vérité. Sa vie privée et sa vie professionnelle manifestent un ancrage spirituel très profond et une volonté orientée vers le bien.
« La Foi nous dit de respecter l’image de Dieu, l’Espérance nous aide à la protéger, la Charité juge tout », dit Jérôme Lejeune. Dans sa pratique médicale, il est mû par la charité. La médecine qu’il pratique avec cœur et raison est en tout point conforme au serment d’Hippocrate dans les valeurs qui la guident. Il place au cœur de ses préoccupations la personne du malade et son rapport avec le médecin. Cette tradition hippocratique au meilleur d’elle-même l’anime dans l’attitude d’accueil, de familiarité et d’empathie qu’il a vis-à-vis des patients trisomiques et de leurs familles. Soigner est une œuvre matérielle de miséricorde chez Jérôme Lejeune : sa consultation à l’hôpital Necker et la disponibilité dont il fera toujours preuve à l’égard des futures mères, des patients et de leur famille en sont l’illustration évidente.
Intelligence de la foi
Comme chercheur, il est mû par l’intelligence de la foi qu’il a reçue au baptême et qui s’épanouit sans rupture dans la pratique professionnelle : il sait que, pour progresser dans la découverte scientifique, il faut accepter cette réalité d’un monde créé par Dieu où le hasard n’a pas sa place. Il adhère de tout son être aux vérités qu’il ne voit pas et au service desquelles il mettra son intelligence exceptionnelle. Son œuvre scientifique est irriguée par la contemplation du Verbe, sans concordisme cependant : il ne s’autorise jamais ce raccourci intellectuel qui consiste à interpréter les Écritures pour les faire correspondre aux théories scientifiques. Il observe, comme chercheur, ce qu’il croit, comme chrétien : deux regards parallèles, complémentaires, l’un contemplatif, l’autre scientifique, dont il déduit avec des termes de raison simple et pure que deux vérités ne peuvent se contredire. Il offre un témoignage inégalé de l’harmonie entre la foi et la science.
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