La version habituelle de l’histoire est inversée. D’habitude, l’ange du ciel ou l’intuition personnelle appelle le jeune homme ou la jeune fille à fuir le monde, refuser le mariage arrangé et se retirer dans la solitude. Ici, nous rencontrons le barde Hyvarnion, pieux et chaste. Il quitte la cour du roi Childebert pour trouver un ermitage en Armorique. Un ange lui apparaît et lui ordonne d’épouser la jeune et pure Rivanone, qu’il rencontrera bientôt. Ainsi fut fait.
De leur union naît Hervé. Il est aveugle – ce serait sa mère qui aurait demandé à Dieu qu’il ne vît jamais les turpitudes et les mirages de ce monde. Il est élevé à Tréflaouénan dans le Finistère et confié, une fois orphelin, à son oncle saint Urfol, près de Plouvien.
Toujours accompagné du jeune guide Guiharan, il parcourt landes et forêts avec les frères, succédant à son oncle à la tête de la communauté, alors qu’il ne fut jamais ordonné prêtre. Un jour un loup, profitant de sa cécité, dévora l’âne avec lequel il labourait. Mais c’était sans compter sur l’autorité d’Hervé. Il ordonna au loup de prendre la place de l’animal et d’achever le travail. Le loup lui resta soumis et fidèle.
Il se fixa à Lanhouarneau où il mourut, participa au concile de Ménez-Bré qui excommunia le terrible chef de Carhaix, Conomor. Aimant, comme son père, la musique et les chants, il dirigeait la liturgie de son monastère.
Ayant une réputation immense de guérisseur, on lui amène tous les malades et possédés. Son intense activité dura plus de 50 ans. Sa mort survint vers l’an 600. Brest, Nantes et Rennes se partagent ses reliques. Avec saint Yves, c’est un des saints les plus populaires de Bretagne.
Il est le patron des chanteurs, des chevaux, invoqué pour les maladies des yeux, la guérison des angoisses et de la dépression nerveuse, pour repousser les démons.
Étymologie du nom
Du celtique haer, « fort » et bev, « vif, ardent ». Son nom se déclinait en Huvarné, Houarneau, Houarneo, Houarniaule.
Pensée spirituelle d’Hervé, répliquant à un évêque qui lui reprochait sa cécité
« Ne savez-vous pas que Dieu nous a faits comme bon lui semble ? »
Cantique du Paradis de saint Hervé
« Jésus, qui vis aux cieux et règnes près de Dieu, j’attends ton Paradis car tu me l’as promis. J’irai vers ta clarté, ô Christ ressuscité. Je crois que ton regard ne peut me décevoir. Plus d’ombre, plus de pleurs, ni larmes, ni douleurs, Jésus, car près de toi tout n’est que paix, que joie ! Qu’à l’heure de ma mort ta voix me dise encore : Ami, dès aujourd’hui viens dans mon Paradis. »