Guerre et paix - France Catholique
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Le trésor des psaumes
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Guerre et paix

L’actualité internationale nous le rappelle durement : la politique obéit à des nécessités qui ne recouvrent pas les exigences de la morale ou des droits de l’homme.
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© Julian Kumar / Godong

La planète est-elle déboussolée, comme le prétend un éditorialiste du Figaro ? Et cela depuis que Donald Trump a pris les commandes de la Maison-Blanche. C’est bien possible. Le tout est de savoir si c’est bénéfique ou maléfique pour ladite planète. Là-dessus, les avis sont partagés. Je ne suis pas persuadé, pour ma part, que vouloir mettre fin à la terrible guerre qui sévit en Ukraine soit une mauvaise idée. Sans doute faudra-t-il évaluer les conditions de l’arrêt des combats et plus encore celles d’un accord de paix. Mais je ne vois pas les moyens pour le pays incontestablement agressé de venir à bout de son agresseur. Mes amis qui attendaient, il y a trois ans, qu’une résistance victorieuse produise jusqu’à la chute de Poutine se sont fait beaucoup plus discrets. Même Joe Biden ne désirait pas que l’Ukraine entre dans l’OTAN, au risque d’un embrasement général.

Illusions du pacifisme

Tout cela pour dire que la politique obéit à un ordre de nécessité qui ne recouvre pas les exigences de ce qu’on appelle la morale ou encore les droits de l’homme. Un Jimmy Carter l’a appris à ses dépens, lui le plus pacifique et le plus bienveillant des présidents américains. Sans doute faut-il faire en sorte que tout converge vers un ordre meilleur, mais sans illusions sur les moyens d’y parvenir et les résultats à obtenir. Les néo-conservateurs qui inspiraient George W. Bush pensaient établir la démocratie en Irak par la force. Ils n’ont réussi qu’à y créer un terrible chaos, avec des conséquences que la région endurera très longtemps encore et qui se répercute chez nous avec un islamisme agressif. On pourrait de même évoquer les illusions provoquées par ce qu’on a appelé les printemps arabes, qui n’ont en rien bouleversé les données fondamentales de la géopolitique locale.

Europe : projection utopique

L’Europe elle-même n’est-elle pas en train de prendre conscience que, depuis sa fondation, elle a vécu une sorte de rêve de sortie de l’histoire avant même la chute du mur de Berlin ? Il ne suffisait pas de procéder à la réconciliation des nations du continent – celle entre la France et l’Allemagne en étant la première condition. Il fallait aussi envisager qu’une communauté de nations ne vivrait pas hors des contraintes dévolues à chacune d’elles. Trop souvent, peut-être, cette Europe des pères fondateurs – si fraternels nous apparaissent-ils encore aujourd’hui, ne serait-ce qu’en vertu de leurs convictions chrétiennes – est-elle apparue comme une projection utopique d’un monde réconcilié. On s’aperçoit que cette Europe est aujourd’hui à la merci des menaces d’un monde déstabilisé et qu’un retrait de la protection américaine lui impose de prendre complètement ses responsabilités.

Voilà donc que nous sommes contraints de rentrer dans une autre culture, celle qu’Emmanuel Macron entend imposer avec un discours des plus alarmistes. L’heure est à l’accroissement des budgets militaires. Elle est vraiment loin la thématique d’une fin de l’histoire chère à Francis Fukuyama. On serait plutôt aptes à mieux comprendre un autre politologue, Philippe Delmas, qui parlait a contrario du « bel avenir de la guerre ».

« Jamais plus la guerre ! »

Qu’en est-il alors de la position des papes, tout au long du XXe siècle jusqu’à nous, semblant toujours reprendre la fameuse apostrophe de Paul VI à la tribune des Nations unies : « Jamais plus la guerre ! Jamais plus la guerre ! » Ce n’est de leur part aucunement illusion d’un avenir rêvé. Il suffit de lire les Mémoires récents de François, pour s’apercevoir que toute sa vie en Argentine a été perturbée par une série de drames à laquelle il a été associé, à la mesure d’un continent sud-américain terriblement perturbé.

Est-ce à dire qu’il vaudrait mieux recommander désormais Le Fil de l’épée de Charles de Gaulle, exaltant l’esprit militaire ? Peut-être, mais cela ne devrait pas empêcher de réfléchir à nouveaux frais à cette paix telle que le Christ nous la donne.