Pour avoir posé cette simple interrogation, Marion Maréchal s’est trouvée fustigée par une grande partie de la classe politique, y compris par la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot. Il est vrai que cette intervention d’une responsable politique touchait un point extrêmement sensible au cœur des modifications d’ordre anthropologique nées du « mariage pour tous ». Dès lors que le mariage ne se définit plus comme l’union d’un homme et d’une femme destinés à engendrer une postérité, tous les repères deviennent flottants. Les enfants qui résultent d’une procréation médicalement assistée sont dorénavant référés à un parent 1 et à un parent 2. Ce qui signifie l’exclusion d’un père ou d’une mère, au profit de deux hommes ou de deux femmes.
Individualisme ravageur
Rien de scandaleux dans ce fait pour une large partie des prescripteurs d’opinion, qui ont érigé l’individualisme en norme universelle. Le droit à l’enfant s’est substitué aux droits de l’enfant, dans une logique rigoureuse. L’enfant n’a plus droit à un père et une mère, il est le pur objet du choix de parents qui, par la médiation médicale, obtiennent ce qui relevait autrefois de la seule union maritale.
L’ultime obstacle à ce choix était l’impossibilité pour les hommes de requérir à la seule procréation médicalement assistée. Il se trouve franchi par le recours à la GPA (gestation pour autrui) mais elle est pour le moment encore interdite par la loi et récusée en raison de sa nature marchande, qui fait du corps de la femme un objet de commerce.
Un marché considérable
Il n’est pas sûr du tout que cette interdiction se maintiendra longtemps. Déjà certains plaident en faveur d’une « GPA éthique », tel l’écologiste Yannick Jadot. Elle est d’ailleurs transgressée par ceux qui s’adressent à des mères porteuses au-delà des frontières, dans des pays où la GPA a été légalisée, ce qui est le cas de l’Ukraine, lieu d’un marché considérable.
C’est à propos d’un tel cas de GPA que Marion Maréchal est intervenue. Il est vrai que la candidate de Reconquête ne visait pas seulement une pratique illégale mais l’origine de la confusion anthropologique qui ne cesse et ne cessera de produire ses effets délétères sur la génération à venir. La négation de la différence sexuelle qui structure depuis toujours l’humanité a trouvé dans la théorie du gender son aboutissement inéluctable. Le gender n’est pas lié à la naissance d’un être sexué mais à la libre disposition de soi-même. « On ne naît pas femme, on le devient », disait déjà Simone de Beauvoir, sans en tirer encore toutes les conséquences. La logique de l’individualisme absolu mène du gender à la transidentité, qui est désormais non seulement à la mode mais le site actif de la militance progressiste.
De ce point de vue, la lecture du quotidien Libération s’avère particulièrement utile pour comprendre les cheminements intellectuels militants suivis par ceux qui se considèrent à l’avant-garde de l’émancipation de tout un passé patriarcal. Ainsi la tribune signée dans le numéro des samedi 27 et dimanche 28 avril par Paul B. Preciedo, philosophe – Beatriz Preciedo jusqu’en 2015 – constitue un manifeste qui, en dépit de son sabir assumé, nous renseigne sur les défis et combats à venir.
Dangereuse utopie
Tout ce qui s’oppose à ce type de militance est défini comme du fascisme (sans autre précision linguistique). Cet ennemi soit-disant fasciste est accusé de se réclamer « d’une nature féminine mythique dédiée uniquement à la reproduction nationale ».
C’est dire que ce supposé fascisme se signale en fait par son souci d’un bien commun, intéressé notamment à l’avenir généalogique de l’humanité. Ce qui est contraire à l’individualisme sans frein de la mouvance LGBT. « C’est l’utopie qui fait la différence entre le féminisme et le fascisme. » Une utopie qui se moque bien de l’alliance nuptiale immémoriale. Oui, vraiment, où est la maman ?