Si l’on ignore les origines familiales et géographiques de Fulbert, on rencontre celui-ci, au tout début du XIe siècle, comme chanoine et écolâtre de la cathédrale de Chartres. Les écoles cathédrales représentaient alors des centres essentiels de la formation intellectuelle des futurs clercs. Elles contribuèrent notablement au grand développement culturel et philosophique qui, avant la fondation des universités, deux siècles plus tard, illustra le dynamisme scientifique du Moyen Âge central. Il devint évêque de Chartres en 1006 sur décision de Robert II le Pieux, qui appréciait ses conseils, en particulier dans le domaine juridique où il excellait.
À la tête du prestigieux diocèse pendant plus de vingt années, Fulbert eut à cœur de suivre et d’appliquer les intuitions diffusées par la réforme grégorienne. Il sollicita les conseils de saint Odilon de Cluny, qui l’encouragea dans sa mission réformatrice et loua les vertus et le zèle du prélat chartrain. Défenseur intrépide de la liberté de l’Église, Fulbert invita régulièrement le roi à nommer évêques des prêtres sages et vertueux.
Réforme morale du clergé
Il fut aussi déterminé à favoriser une authentique réforme morale du clergé, qui impliquait une solide formation intellectuelle et un discernement sérieux des vocations, afin de ramener les prêtres à leur véritable mission spirituelle. Il lutta contre la simonie et le mariage des clercs, mais aussi contre les abus de la féodalité au sein de l’Église, qui mettaient en danger les devoirs ecclésiastiques. Sachant allier fermeté et modération, le prélat fut largement écouté par ses pairs.
Il fut aussi un champion de la paix politique et sociale. Fulbert était conscient qu’en vertu de sa charge épiscopale, il avait l’impérieux devoir de conseiller les princes. Il avait pleinement conscience du rôle politique qu’il devait jouer, en particulier dans la canalisation d’une violence largement répandue dans un monde féodal en pleine ébullition. Une lettre envoyée au duc Guillaume V d’Aquitaine témoigne de sa conception des rapports hiérarchiques entre vassaux et suzerains. Il y rappelait les obligations réciproques qui devaient être soigneusement observées pour maintenir la sécurité, l’honneur et la fidélité.
Sa correspondance et ses écrits témoignent de sa magistrale érudition et de sa perception aiguë des devoirs épiscopaux. Il s’inspira largement des livres sacrés et des Pères de l’Église, en particulier de saint Grégoire le Grand. Son influence s’étendit à l’Europe entière, comme en témoignent ses contacts avec des princes et des clercs danois, hongrois, allemands ou italiens. Fulbert de Chartres fut incontestablement une figure majeure de la réforme grégorienne et du renouveau intellectuel et spirituel qui allait culminer aux XIIe et XIIIe siècles.