Comment définir la crise politique que nous vivons ?
Je ne vois pas de crise politique à proprement parler, si ce n’est pour les membres du petit milieu politico-médiatique mainstream qui s’affolent d’une dissolution (pourtant constitutionnelle) à même de conduire au pouvoir un parti dont ils ont décidé – sans grand argument pour l’étayer – qu’il était « d’extrême droite », « raciste », « héritier de Pétain et de la SS », etc.
Le choix du moment de la dissolution reste discutable – bien que, pour ma part, il soit opportun –, mais une dissolution était indispensable car le corps politique est en proie à une hypoxie sévère. Or, la démocratie a besoin de respirer.
Allons-nous vers une crise de régime ?
Si, par crise de régime, vous entendez une majorité introuvable au Parlement, c’est possible. Le plus probable est la constitution d’une autre majorité relative, avec une grande difficulté pour le RN à nouer des alliances, et donc une sorte de blocage institutionnel.
La France semble éclatée (villes/campagnes ; élite/peuple ; France périphérique…) : comment retrouver une unité ?
À en croire Jérôme Fourquet, elle l’est : « archipélisée » ! Je dirais, pour être un brin provocateur : ce n’est pas très grave. Ce qui est grave en revanche, c’est que les politiques publiques des cinquante dernières années ont toutes été profitables aux mêmes : les centres urbains bourgeois pour la droite ; les banlieues immigrées pour la gauche. Quid des campagnes ? Quid de la France périphérique ? Quid des TPE/PME ? Avant de parler d’unité, il faut songer à rétablir l’équilibre. Il faut envisager la France autrement, casser les clichés politiques qui circulent à gauche et à droite depuis l’ère Mitterrand/Chirac et qui se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui.
Y a-t-il des valeurs sur lesquelles les Français pourraient se réunir ?
Toute tentative de recréer de l’unité me semble hypothéquée par la double crise que nous traversons : 1. Spirituelle – une crise de la promesse chrétienne 2. Philosophico-politique – une crise de la promesse libérale. C’est toute la modernité occidentale qui est placée dans la balance. Pour ne pas disparaître, il nous faudra poser ce double nœud gordien sur la table et œuvrer collectivement à le trancher.
Dans ce contexte, une parole d’Église pourrait-elle redonner de l’espérance ?
À titre individuel, oui, car l’Église nous accueille et nous console. Même fragilisée, elle est meilleure que ce que nous sommes car le Christ l’a fondée et la soutient. Cependant, difficile d’ignorer que la crise spirituelle que nous traversons collectivement est aussi celle de l’Église. L’aggiornamento qui l’attend est donc probablement aussi sévère que celui qui attend l’Occident. La grande vague de sécularisation moderne a placé l’Église en back office ; elle ne pèse plus directement sur les événements. L’Occident va devoir retrouver le chemin de l’Esprit, et comprendre qu’avant d’être une morale, le christianisme est une puissance.
—
Spécial élections législatives
Pour aller plus loin :
- Frédéric Rouvillois : « L'Église a quelque chose à dire à la France »
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- CE QUE DIT LE FER À REPASSER