Formation politique : en avant la jeunesse ! - France Catholique
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Un autre regard sur le poverello
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Formation politique : en avant la jeunesse !

« Tout est politique », clamaient les étudiants de Mai 68. Aujourd’hui, la formation politique de la jeunesse à tous niveaux et dans tous domaines semble être une piste prometteuse pour l’avenir du pays.
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© Thought Catalog / Unsplash

Le bulletin de vote et la carte du parti sont-ils les deux seuls moyens d’expression et d’engagement politique ? À en croire le dynamisme de l’offre de formation politique à destination de la jeunesse, un changement de paradigme semble s’être opéré. « Il y a vingt ans, l’immense majorité des jeunes ne voyaient l’engagement politique que sous un angle restrictif, limité aux partis politiques, témoigne Alexandre Pesey, directeur de l’Institut de formation politique (IFP), qui accompagne 400 nouveaux jeunes par an. Aujourd’hui, tout a volé en éclats et tous ont conscience que les batailles idéologiques se jouent sur les terrains de la culture, de la justice, de la magistrature… » L’IFP revendique avoir formé des jeunes travaillant désormais dans le journalisme, la vie associative ou la politique en tant qu’attaché parlementaire ou même député européen.

Le devoir d’état des chrétiens

Cours du soir, conférences en semaine, ateliers le week-end… La multiplication des formations, le plus souvent en parallèle des études ou de leur vie professionnelle, témoigne de l’appétence d’une génération pour l’engagement politique, dans le sens noble du terme. « Comme le dit Aristote, est politique ce qui concerne le bien commun de la Cité », résume Benoît Dumoulin, directeur d’Ichtus et chroniqueur à France Catholique. L’association, qui a pour but la formation des laïcs par l’enseignement social de l’Église, accueille 300 jeunes par an. « Dès lors, pour un chrétien, tout est politique, car c’est dans son devoir d’état [somme des devoirs qui incombent à chacun selon son état de vie, NDLR] que réside sa responsabilité sociale vis-à-vis de la société. »

« Pendant plusieurs années, je n’aimais pas l’idée de “formation politique”, que je trouvais trop restrictive. Puis j’ai compris que cela pouvait également s’entendre comme une formation pour trouver les mots afin de défendre des idées essentielles » témoigne ainsi Camille Bouyé, jeune femme de 27 ans passée par l’IFP et désormais chargée de communication dans une association agissant dans le champ de la bioéthique. Philosophie, histoire, économie : le propre des formations est d’adopter une approche globale, qui donne des clés pour s’engager à tous niveaux. Une approche « métapolitique », qui ne dédaigne pas pour autant d’aborder les questions d’appareil de la vie politique française. « Les catholiques sont souvent, par naïveté ou par manque de formation, ignorants des stratégies politiques. Or, il faut absolument se former à les décrypter pour pouvoir y répondre » affirme Benoît Dumoulin, citant par exemple la manipulation des termes, comme ceux de « dignité dans la mort », utilisés par les promoteurs de l’euthanasie pour justifier une évolution de la loi.

Reconnecter politique et charité

« Notre génération doit se former afin de casser la séparation artificielle entre politique et charité, qui voudrait qu’il y ait d’un côté des grandes questions comme la bioéthique et, de l’autre, les actions concrètes de charité, comme les maraudes » relève Nicolas Bauer, juriste au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ). Pour ce jeune père de famille de 29 ans, la formation politique de la jeunesse doit donc consister à tout articuler autour de l’engagement pour le bien commun. Et il y a urgence. « À ceux qui hésitent, je voudrais leur rappeler qu’il y aura toujours, “en face”, des gens qui s’engageront, souligne Camille Bouyé. Il ne faut pas être freiné par le mot de “politique”, mais bien comprendre qu’il s’agit d’œuvrer pour le bien de la Cité. Dès lors, il y a de la place pour tout le monde ! »