Foi et humilité : la spiritualité de Padre Pio - France Catholique
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Foi et humilité : la spiritualité de Padre Pio

© Elia Stelluto

Image :
Padre Pio célébrant la messe en 1960.
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Foi et humilité : la spiritualité de Padre Pio

Pour le Frère Éric Bidot, ancien ministre provincial des capucins pour la France, Padre Pio offre un témoignage de foi et d’humilité plus actuel que jamais.
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«Je suis un pauvre frère qui prie ! » Avec ces mots, le Padre Pio se présente à nous. lui, le célèbre stigmatisé du sud de l’Italie, le religieux un temps condamné et calomnié, l’homme enfoncé dans la nuit de la foi, le confesseur et directeur spirituel se fait proche de nous. Et il l’est ! Lorsque nous animons des veillées et qu’une relique du Padre Pio est proposée à la vénération, nous voyons tant de personnes diverses, de tous âges, de toutes conditions sociales, se confier à cette figure de sainteté éclatante autant que mystérieuse.

Mais faut-il souffrir, être mis à l’écart, voire trahi comme lui, pour être saint ? Laissons Padre Pio nous dire qu’il est « un pauvre frère qui prie » qui, dans la gloire du Ciel, intercède pour nous : sa vie atteste qu’il est digne de confiance et que l’on peut s’approcher de lui sans crainte, car il a traversé cette existence en en connaissant les difficultés. De ce fait, il est proche de nous.

« Un frère… »

Avec ses proches, comme avec ceux qu’il rencontre, Padre Pio veut être un frère qui remet chaque personne, en vérité, devant le Seigneur, devant le Père du Ciel, comme lui-même est sans cesse avec le Christ Jésus en communion avec le Père. Voilà le fondement de la fraternité chez Padre Pio : redonner à chacun le chemin du Père, un Père plein de miséricorde et de bonté.

Être frère, pour Padre Pio, a pris des chemins inattendus. A-t-il pensé qu’il serait un jour à l’origine de cet hôpital dont le nom est un programme : la Maison du soulagement de la souffrance ! Ceux qui vont en pèlerinage à San Giovanni Rotondo sont impressionnés par cette fraternité à l’œuvre à l’hôpital, entre patients, médecins, soignants. L’hôpital, qui se visite, est en lien avec « les groupes de prière du Padre Pio » qui, à travers le monde, se réunissent chaque mois pour prier le chapelet et soutenir financièrement les activités de l’établissement. Il est beau et impressionnant de voir des personnes, sans beaucoup de moyens, donner chaque mois leur « obole », en signe de fraternité avec les malades de l’hôpital.

« … pauvre… »

« Je suis un crucifié d’amour » : dans une de ses lettres, Padre Pio se décrit ainsi. N’est-ce pas une parole qui rend compte de la remise de soi à Dieu, dans une attitude d’abandon et de pauvreté ? Marqué durant cinquante ans des stigmates, Padre Pio n’a pas été le frère capucin ignoré de tous qu’il aspirait à être. Sa vie, il ne l’a pas choisie. Il a été fidèle jusqu’au bout à son amour pour Jésus, dans la souffrance des stigmates, comme dans les incompréhensions, les interdictions, les calomnies… La pauvreté est d’avoir traversé sa vie avec humilité, dans un grand sens et respect de l’Église, ainsi que dans la fidélité à son engagement de « tendre au bien de son âme et de se consacrer totalement à Dieu ». Padre Pio, un homme pauvre de lui-même et fort par la seule grâce de Dieu : voilà ce qu’il nous dit aujourd’hui.

François d’Assise reçut lui aussi les stigmates, deux ans avant sa mort, en 1224, il y a 800 ans, confirmant ainsi sa manière de vie évangélique qui est imitation de Jésus. Chez Padre Pio, les stigmates sont en lien étroit avec son ministère de prêtre. En lisant la correspondance du saint capucin, nous découvrons que les stigmates le plongent dans des abîmes de confusion, partie prenante de la lutte entre le bien et le mal. Lors de l’homélie de la béatification, saint Jean-Paul II a rappelé que Padre Pio était « une image vivante du Christ souffrant et ressuscité » : il nous invite à nous approcher régulièrement du sacrement de la Réconciliation et de la Pénitence – confession – pour y goûter le pardon de Dieu et devenir une image plus lumineuse de Jésus dans le monde. À nous aussi de participer à la messe et de recevoir l’Eucharistie avec humilité, communiant aux souffrances de Jésus et produisant des actes de charité.

« … qui prie ! »

Padre Pio a voulu être disciple de saint François, à la manière des capucins, c’est-à-dire en mettant l’accent sur l’union au Christ humble, pauvre et crucifié, dans la prière, notamment l’oraison silencieuse. Qui a visité la tribune de la chapelle du couvent capucin de San Giovanni Rotondo voit bien la place qu’occupait le saint frère durant ces 51 ans passés en ce lieu, le regard posé sur le crucifix fixé sur la balustrade. À l’une de ses filles spirituelles, Maria Gargani, il écrit le 4 septembre 1916 : « Le prototype, l’exemplaire dans lequel nous devons regarder notre vie, et sur lequel nous devons la modeler, c’est Jésus Christ. Mais Jésus a choisi, comme étendard, la Croix ; ainsi, il veut que tous ses disciples parcourent la voie du Calvaire, portant la Croix, pour ensuite expirer ayant été crucifiés sur elle. C’est seulement par ce chemin que l’on parvient au salut. » L’oraison doit se concentrer en priorité sur les mystères de Jésus.

Padre Pio est un saint « complet » qui nous montre un chemin « complet » : par la profondeur spirituelle de sa vie, par ses engagements de charité, par son obéissance à l’Église, il est vraiment « un pauvre frère qui prie » avec vous et pour nous. 

Padre Pio. Témoin de l’amour crucifié, Frères Pio Murat et Éric Bidot, éditions Emmanuel, 2023, 164 pages, 18 €.