De nombreuses églises sont menacées faute d’être visitées et entretenues. Quel regard portez-vous sur ce constat préoccupant ?
Philippe de La Mettrie : Nous assistons avec tristesse à la disparition de notre patrimoine cultuel et culturel : ici, une église est désaffectée ; là, transformée en musée ; là encore, abandonnée aux ravages des intempéries, quand ce n’est pas la pelle du bulldozer qui la met à bas. Notre association Priants des campagnes a justement été créée pour apporter une réponse. Nous alertons les fidèles en leur rappelant que, s’ils ne vont pas prier dans leurs églises, elles vont disparaître. Ne sommes-nous pas, nous catholiques, en particulier ceux qui résident dans nos campagnes et nos petites villes, responsables de la disparition des églises ? Ne condamnons pas trop vite les élus qui refusent de les entretenir quand elles ne sont ouvertes qu’une fois par an, devenant le reste de l’année les tombeaux poussiéreux d’une foi populaire morte.
Cette situation d’abandon du patrimoine est-elle inéluctable ?
Non, je fonctionne à l’espérance ! Grâce aux Priants des campagnes, on peut remettre la Présence réelle dans une église, créer des groupes de prière… on peut réagir ! Je suis contre la formule défaitiste « à quoi bon ? ». Et il ne faut jamais oublier qu’une église a une âme. Même celles du XIXe siècle ! Les fidèles se moquent complètement de leur année de construction, pour eux, c’est leur église. Donc il faut se mobiliser. Si vous n’êtes que dix, cinq ou deux, allez-y, c’est bien, ! Jésus est au milieu de nous : « Là où deux ou trois sont assemblés en Mon nom, Je suis au milieu d’eux. » C’est assez pour redonner vie, aux yeux du monde, à cette maison de prière et témoigner qu’elle est un lieu privilégié de rencontre et de dialogue avec Dieu. Allez-y, faites vivre vos églises et sonnez les cloches !
Concrètement, comment fonctionnez-vous ?
Nous avons des priants dans une quarantaine de diocèses. Le primat, c’est de créer des groupes de prière et d’avoir un gardien des clés. Ensuite, il faut exister vis-à-vis du maire, de l’évêque et du curé, peut-être en formant une association de sauvegarde de l’église. De cette manière, vous n’existez pas seulement spirituellement, mais juridiquement, ce qui permet de collecter des fonds. Ensuite, qui mieux que le fidèle qui va prier régulièrement dans l’église peut constater un dégât, une fuite d’eau ? Ce que nous voulons à Priants des campagnes, c’est ne pas attendre que les dégâts soient importants et le coût exorbitant. Combien de fois voyons-nous des maires laissant la situation se dégrader et dire ensuite que cela coûte trop cher ? Il faut recréer l’esprit des conseils de fabrique créés par Bonaparte, – personnes chargées de la collecte et l’administration des fonds nécessaires à la construction et l’entretien des édifices religieux, NDLR –, et se réapproprier nos églises. Nous avons besoin des citadins, surtout s’ils ont des attaches à la campagne. Que les priants des villes viennent accompagner les ruraux, qu’ils fassent ouvrir l’église, qu’ils viennent y prier avec des enfants, c’est extrêmement important !
À noter
L’association propose deux conférences, le 22 mars, à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de La Salle (75015)
– à 11 h : Quel avenir pour les églises de France ? Quelques pistes concrètes, par Philippe Abjean
– à 15 h : Notre-Dame de Paris, les symboles des pierres, par Paule Amblard
Entrée libre sur inscription à : phdelamettrie@orange.fr