À quand remontent vos premiers souvenirs de Notre-Dame de Paris ?
Princesse Yasmine Murat : Comme beaucoup d’enfants de ma génération, je dois avouer que c’est peut-être au travers du dessin animé Le Bossu de Notre-Dame que j’ai découvert Notre-Dame de Paris ! Mais c’est bien sûr Victor Hugo qui m’en a révélé de nombreuses dimensions avec son célèbre roman que mon père, passionné par l’écrivain – la littérature française reste très appréciée en Algérie – m’avait fait lire. Par ailleurs, je suis originaire de Bône. Les Bônois sont des enfants de saint Augustin, et la basilique locale qui lui est consacrée est la fierté de toute la population locale. Des pèlerins s’y rendent chaque année. Avoir grandi au pied de cette basilique m’avait donc familiarisée très jeune avec la proximité d’un sanctuaire chrétien majestueux ! J’ai vu la cathédrale de Paris pour la première fois « en vrai » à l’âge de 11 ans lorsque après avoir été blessée à l’œil, mes parents m’ont emmenée en France pour y subir une opération. À Paris, mon père ne m’a fait visiter que deux lieux : la Sorbonne et Notre-Dame. Tout un symbole…
En tant que représentante d’une des plus illustres familles d’Europe, que représente la cathédrale à vos yeux ?
Notre-Dame de Paris résume l’histoire de la France et manifeste son unité. Concentrons-nous par exemple sur la période de la Révolution et de l’Empire qui en constitue une charnière majeure. En coupant la tête du roi, je considère que les révolutionnaires ont voulu décapiter l’identité chrétienne du pays. Or au travers du Concordat, et non sans avoir malmené Pie VII il est vrai, Napoléon a refusé cette rupture, influencé d’ailleurs par Murat qui était croyant, qui était passé par le séminaire de Cahors, mais qui avait finalement choisi un destin militaire… C’est en choisissant la cathédrale pour la cérémonie de son sacre en 1804, que Napoléon a vraiment souligné la continuité qu’il voulait rétablir avec les racines chrétiennes de la France. Notre-Dame de Paris fait partie de la géographie napoléonienne au premier chef, surtout que si l’on se projette plus tard dans le siècle, n’oublions pas que Napoléon III a aussi choisi Notre-Dame pour s’y marier avec Eugénie de Montijo en 1853.
Au travers de votre association, vous œuvrez au rayonnement de la France dans le monde. La cathédrale en est-elle un élément majeur ?
L’émotion du monde entier lors de son incendie témoigne de ce rayonnement. Notre-Dame parle à tout le monde. Elle porte et transmet un héritage mondial religieux, culturel, artistique et technique inouï. Sa dimension spirituelle reste première : Notre-Dame ne sera jamais un monument que l’on visite, un objet culturel ou un musée. Sa dimension chrétienne est indissociable du bâtiment, qui l’a intégrée dans la moindre de ses pierres ou de ses vitraux. Le simple fait d’y entrer élève l’âme d’emblée.
Que représente pour vous la Sainte Vierge, à qui est dédiée la cathédrale ?
J’ai reçu Marie pour second prénom parce que j’ai été baptisée le jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, le 16 juillet. C’est vous dire que mon lien avec elle est étroit ! Je suis fascinée par la personne de Marie, par son humilité, par les souffrances qu’elle a subies, par les sacrifices qu’elle a acceptés : elle est pour moi un exemple de solidité et de douceur. Et depuis que je suis maman, je me sens encore plus proche d’elle tant je ressens davantage ce qu’elle a pu endurer au travers des souffrances de son propre Fils. Néanmoins, elle reste aussi pour moi l’Espérance, comme la cathédrale qui porte son nom en est le symbole !