« Engagé et combattif » - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« Engagé et combattif »

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© Pierre Gauer

Très jeune, j’ai lu France Catholique, notamment lors des années conciliaires. Le journal s’identifiait alors beaucoup avec la personnalité de Jean de Fabrègues, qui avait fait partie des « non-conformistes des années 1930 », selon l’expression de l’historien Jean-Louis Loubet del Bayle. On l’a peut-être oublié mais les années qui ont précédé Vatican II sont riches de toute une effervescence, disons, intellectuelle. C’est la période des prêtres ouvriers, de la « nouvelle théologie » développée par l’école de Fourvière, celle aussi d’un affrontement entre une frange progressiste et une frange que l’on définira par la suite comme traditionaliste.

Dans ce climat, France Catholique semble incarner l’aile droite de ce catholicisme français, l’aile gauche étant représentée par Témoignage chrétien, dirigé alors par Georges Montaron. Contrairement à l’idée reçue, l’ouverture à la pensée contemporaine était plutôt le propre de Fabrègues, très averti des courants de pensée et de leurs évolutions.

Unanimité morale

Au sujet du concile Vatican II, s’il fallait trouver une formule pour définir la position du journal, je dirais que France Catholique s’est toujours tenu à l’intérieur du concile et non dans le « périconcile ». Une grande partie de la presse s’est plus intéressée à ce qui se passait autour du concile qu’à ce qui se formulait au sein du concile, avec l’élaboration des grandes constitutions qui sont l’âme de Vatican II. Il est vrai qu’au sein du concile, une minorité s’est opposée à une majorité, sur quelques grands sujets comme la collégialité de l’épiscopat ou la liberté religieuse. Fabrègues n’ignore pas ces différends, mais il est en faveur d’une unanimité morale. De fait, Mgr Marcel Lefebvre signera finalement tous les textes du Concile. Sa rupture interviendra plus tard.

Je suis entré à France Catholique, en 1985. Robert Masson, qui dirigeait la rédaction, a fait appel à moi alors que je travaillais au Quotidien de Paris. J’étais l’informateur religieux de ce journal et j’avais suivi de près le pontificat de Jean-Paul II depuis sa visite en France en 1980. Après l’élection de François Mitterrand, la question scolaire est devenue cruciale, avec la menace d’une nationalisation de l’enseignement catholique. J’ai suivi de près ce dossier, jusqu’à écrire un livre en 1985, La Bataille de l’école. France Catholique en avait alors publié les bonnes feuilles. Et c’est une des raisons de mon arrivée au journal. Ce n’était plus France Catholique du temps de Fabrègues, Robert Masson venant d’une sensibilité plus à gauche, se réclamant volontiers d’Emmanuel Mounier. C’est pourquoi il avait fait appel à Jean-Marie Domenach, lui-même ancien directeur d’Esprit, à René Pucheu et Jean Bastaire. Mais je dois noter que Domenach n’était plus du tout dans les mêmes dispositions qu’après-guerre. On peut même dire qu’il était en pleine révision de son passé. Ce qui correspondait au climat d’une époque, marquée par Soljenitsyne et Jean-Paul II.

J’avais d’excellentes relations avec les intéressés. Pourtant, j’étais beaucoup plus engagé qu’eux dans une vraie bataille intellectuelle contre ce qu’on pourrait appeler un néo-progressisme qui ne se définissait plus dans la proximité du communisme mais dans l’opposition de plus en plus ouverte aux orientations du pontificat. C’est pourquoi je publiais en 1996 un essai, au titre significatif, Pourquoi veut-on tuer l’Église ? (Fayard), accompagné d’un autre, Jean-Paul II le résistant (Bartillat). Frédéric Aimard avait succédé à Robert Masson, et m’avait apporté son aide dans la publication de ces deux essais qui correspondaient aux orientations du journal.

Vaines offensives ?

Avec le temps, on s’aperçoit que ceux auxquels je m’opposais assez vigoureusement ont parfois été oubliés, alors qu’ils étaient à cette époque des vedettes choyées par les médias. J’en tire une leçon toujours valable. La subversion intellectuelle ne cesse de changer de registre, lorsque ses représentants se trouvent disqualifiés, mais c’est pour rebondir sur des offensives qui s’en prennent toujours à la substance de l’Église et de son message. Mais ceci nous amènerait à traiter directement de nos défis actuels, avec la virulence accrue de ceux qui vont jusqu’à tabler sur une « implosion » de l’institution, qui correspond à leurs désirs. Pour ma part, je ne suis guère impressionné par ces offensives contre une institution qui détient les promesses de la vie éternelle.