«Tout le monde espère. L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien », rappelle le pape François dans la bulle d’indiction du jubilé, Spes non confundit, « L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Cette espérance fait partie des trois vertus surnaturelles, avec la foi et la charité, aussi appelées vertus théologales. Elles « expriment l’essence de la vie chrétienne », souligne le Saint-Père, car elles nous « disposent à vivre en relation avec la Sainte Trinité ». De quelle manière ? En ayant « Dieu Un et Trine pour origine, pour motif et pour objet » (CEC 1812). En clair, elles nous permettent de croire en Dieu, d’espérer en Dieu et d’aimer Dieu. L’espérance est celle qui « oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante », précise le pape.
« Faits pour le bonheur parfait »
Quel est ce but ? Que pourrions-nous espérer de mieux que ce que nous désirons déjà – bonheur, amour, paix, joie, vérité, justice, plaisir, consolation… – au milieu des épreuves de cette vie ? L’espérance consiste à désirer tout cela… mais en plénitude ! Bien que nous n’en soyons pas conscients, ces désirs sont le signe que nous sommes faits pour le bonheur parfait, mais nous constatons chaque jour que nous ne l’obtenons que partiellement. C’est normal car c’est seulement quand nous serons en présence – en « possession » – de l’Auteur même de tous ces biens – le Bien absolu, Dieu – que nous serons enfin comblés ! « La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes », résume le Catéchisme (CEC 1818).
« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi », se languit saint Augustin dans ses Confessions. Voilà pourquoi la seule espérance digne de l’homme est de désirer « comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie éternelle » (CEC 1817). Cette vie « qui consiste dans la pleine communion avec Dieu, dans la contemplation et la participation à son amour infini », confirme François.
Une communion possible grâce à la promesse du Salut apportée par le Christ : « Dans l’espérance, nous avons été sauvés » (Rm 8, 24). C’est seulement par cette grâce que « nous pouvons donc espérer la gloire du Ciel promise par Dieu à ceux qui l’aiment et font sa volonté » (CEC 1821). Ainsi, pour bien saisir l’extraordinaire audace de notre espérance, il faut demeurer conscients de notre misérable condition : avant la venue du Christ, nous étions condamnés à la mort éternelle par le péché. Et nous voilà promis au paradis et à la vie éternelle !
« Un puissant motif d’espérer »
Comment le savons-nous ? Car le Christ lui-même est entré dans notre mort puis ressuscité, avant de monter aux cieux. Ces deux événements essentiels de sa vie terrestre – Résurrection et Ascension – sont les garanties que notre espérance n’est pas vaine : « L’Ascension est très propre à confirmer en nous la vertu d’Espérance. C’est qu’en effet, si nous croyons que Jésus-Christ, comme homme, est monté au Ciel, et qu’il a fait asseoir la nature humaine à la droite de Dieu le Père, nous avons un puissant motif d’espérer que nous, qui sommes ses membres, nous y monterons aussi, et que nous nous réunirons à notre Chef » (Concile de Trente).
Comment dès lors acquérir cette vertu ? En apprenant à connaître ce Dieu qui nous aime, pour l’aimer en retour, afin de désirer l’éternité avec lui. Par les sacrements, qui nous font participer directement et efficacement à la vie de Dieu. Par la prière – l’oraison en particulier, ce cœur à cœur silencieux et quotidien avec Jésus –, qui fait grandir en nous la connaissance amoureuse de Dieu. Sans oublier la prière du chapelet car « l’espérance trouve dans la Mère de Dieu son plus grand témoin […], la Mère de l’espérance », s’émerveille le pontife, elle qui redit, au pied de la Croix le fiat de l’Annonciation. En disant « l’acte d’espérance », qui entretient cette flamme de l’espérance (lire encadré). En formant mieux l’intelligence de notre foi. En pratiquant la charité car « celui qui aime […] connaît Dieu » (1 Jn 4, 7). Enfin, en développant « une vertu étroitement liée à l’espérance : la patience », qui la « maintient vivante » et la « consolide », assure le pape. Par tout cela, Dieu nous remplit de ses grâces sanctifiantes, qui nourrissent le feu de notre vie spirituelle.
Nous pourrons alors, à la suite de Marie, d’Abraham et de tous les saints, vivre en « espérant contre toute espérance » (Rm 4), en dépit des tempêtes de notre vie. « Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur », rappelle le pape.
L’enjeu de notre vie sur terre
L’espérance nous engage. Car si nous savons que la vie éternelle nous est offerte, nous ne sommes pas certains de l’obtenir, si nous vivons en tournant le dos volontairement à Dieu. Et c’est bien l’enjeu vertigineux de notre vie sur terre, qui demeure, jusqu’au dernier souffle, un combat spirituel. Il faut donc demander la grâce de « persévérer jusqu’à la fin » (Mt 10, 22) pour « obtenir la joie du ciel » (CEC 1821), promise mais non acquise. Une persévérance pour laquelle il faut choisir ses armes de combat : « Revêtons la cuirasse de la foi et de la charité, avec le casque de l’espérance du salut » (1 Th 5, 8).
Prière
Acte d’espérance
Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance que vous me donnerez, par les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre grâce en ce monde et le bonheur éternel dans l’autre, parce que vous l’avez promis et que vous êtes toujours fidèles dans vos promesses.