Douze jours et plus de 32 000 kilomètres parcourus : le 45e voyage apostolique du pape François aura été celui de tous les records. Jamais, en onze ans de pontificat, il ne s’était rendu aussi loin. En Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour, le Saint-Père a été au contact d’une foi populaire, dont certaines images marqueront son pontificat, comme celles de la messe célébrée à Dili, capitale du Timor oriental, en présence de 600 000 fidèles – la moitié de la population totale.
« Contrecarrer l’extrémisme »
Pour sa première étape, François s’est à nouveau rendu dans un pays musulman et non des moindres : l’Indonésie est en effet le pays comptant le plus de musulmans au monde – 200 millions –, faisant des 8,4 millions de fidèles catholiques une minorité, toutefois loin d’être insignifiante. Présenté comme modèle de société multiculturelle et adepte d’un islam modéré, le pays reste pourtant en proie à des poussées islamistes, illustrées par une série d’attentats en 2018 et 2022. Des arrestations ont d’ailleurs eu lieu en amont du voyage du pape, pour un projet d’assassinat du Souverain pontife. Aussi François, tout en louant la « une tension innée vers l’unité et la coexistence pacifique » du peuple indonésien, a-t-il appelé les dirigeants indonésiens à « contrecarrer l’extrémisme et aussi l’intolérance [qui] tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence ».
L’étape en Papouasie-Nouvelle-Guinée aura incontestablement été marquée par la ferveur des Papouasiens, mais aussi par leur recueillement, visible lors de la messe présidée par le pape à Port Moresby, le 8 septembre. De nombreux fidèles avaient parcouru le pays pendant plusieurs jours, empruntant bateaux, avions et routes de jungle pour se rendre dans la capitale d’un pays où l’Église catholique joue un rôle essentiel, comme l’a rappelé François aux fidèles du diocèse de Vanimo, le même jour : « Depuis le début du XIXe siècle, la mission ici ne s’est jamais interrompue [:] les églises, les écoles, les hôpitaux et les centres missionnaires témoignent autour de nous que le Christ est venu apporter le salut à tous, afin que chacun puisse s’épanouir dans toute sa beauté pour le bien commun. »
Le Timor oriental a été l’occasion pour le pape de développer la question de la démographie, déjà abordée en Indonésie où, constatant que les familles comptaient « trois, quatre ou cinq enfants », il avait lancé aux autorités locales : « Continuez ainsi. C’est un exemple pour tous les pays. » Avant de fustiger, comme il l’avait déjà fait par le passé, les familles préférant « avoir un chat, un petit chien, et pas un enfant ». Ainsi, au Timor oriental où 65 % de la population a moins de 30 ans, le pape a vanté la « richesse » de la jeunesse, prodiguant toutefois un conseil aux dirigeants : « Investissez dans l’éducation, dans la famille et dans l’école », a rappelé le Saint-Père, qui en a profité pour déplorer le phénomène de « l’émigration », qui touche ce pays riche en ressources naturelles mais où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
« Soutenir l’unité de la famille »
Avec 1,12 enfant par femme, Singapour, dernière étape du voyage apostolique, faisait figure de mauvais élève. Raison pour laquelle le pape a tenu à « rappeler le rôle de la famille » alors que « les fondements sur lesquels reposent les familles sont remis en question et risquent d’être affaiblis ». Aussi François a-t-il tenu à saluer ce qui est mis en place pour « promouvoir, protéger et soutenir l’unité de la famille ».
À son retour à Rome, le pape est allé comme à son prier devant l’icône Salus populi romani de la basilique romaine Sainte-Marie-Majeure. François ne prendra que quelques jours de repos : il remontera dans l’avion le 26 septembre pour son 46e voyage apostolique, au Luxembourg et en Belgique.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Jean-Paul Hyvernat
- Les vœux du Père Georges Colomb