Élection de Trump : quelles conséquences en Europe ? - France Catholique
Edit Template
Noël : Dieu fait homme
Edit Template

Élection de Trump : quelles conséquences en Europe ?

Isolationniste et protectionniste, Donald Trump se concentrera sur la politique intérieure. Mais chacune de ses décisions aura un impact fort sur le reste du monde. D’abord sur les Européens.
Copier le lien

Donald Trump. Réélu le 5 novembre, il prendra ses fonctions le 20 janvier 2025.

Donald Trump n’a pas de vraie ligne directrice en politique étrangère, en dehors du programme isolationniste et anti-interventionniste traditionnel de son camp. L’homme est d’abord un négociateur pragmatique, pour qui les dossiers extérieurs sont conduits à l’aune de son mantra – l’Amérique d’abord : baisse des impôts, révision de certains accords commerciaux et environnementaux, contrôle de l’immigration, refus de tout engagement extérieur.

Face à la menace chinoise

Sa politique étrangère s’organisera en conséquence, en respectant les constantes de la diplomatie américaine. Trump a confirmé le soutien à Israël, malgré les guerres meurtrières qui ravagent Gaza et le Liban. Benjamin Netanyahou gardera les mains libres pour achever la destruction du Hamas et du Hezbollah. Trump mise sur la réticence de l’Iran à durcir la confrontation avec les Israéliens et sur l’attentisme très prudent des pays arabes.

Avec la Chine, l’approche restera vigilante, déterminée. La menace chinoise sur Taïwan, le Japon et la Corée du Sud va permettre de densifier le dispositif américain dans la zone, d’autant plus que cette défense renforcée permettra de nouveaux achats de matériels américains… Méfiant à l’égard de tout interventionnisme militaire, Trump veut éviter une confrontation directe avec la Chine. L’affrontement sera d’abord commercial et douanier, avec une hausse probable des droits de douane sur les produits chinois.

C’est en Europe qu’il faut s’attendre à des changements majeurs. Pour le financement de l’Otan, Trump réclame aux Européens un meilleur « partage du fardeau ». Il leur demande d’augmenter leurs budgets militaires, en proportion de l’effort fourni par l’Amérique. La marche s’annonce très haute pour la plupart des partenaires de l’Alliance, privés de croissance économique, gênés par le poids de leurs budgets sociaux.

Sur l’Ukraine, alors que Joe Biden vient d’autoriser Kiev à utiliser des missiles à longue portée pour frapper la Russie, Donald Trump s’est fait fort d’arrêter la guerre « en vingt-quatre heures ». Cela veut dire qu’il veut obtenir un résultat rapide, dès son entrée en fonction, le 20 janvier prochain. Il aurait commencé les consultations, notamment avec Vladimir Poutine. Son idée est de ralentir, sinon de stopper, la coûteuse implication de son pays dans ce « conflit qui concerne directement l’Europe ». L’effort financier américain – près de 90 milliards de dollars depuis février 2022 – va diminuer pour être réorienté vers la lutte contre l’immigration. Trump va donc devoir convaincre, et peut-être contraindre, le président Volodymyr Zelensky d’accepter un cessez-le-feu sur les positions du moment, quitte à satisfaire les buts de guerre des Russes, qui occupent 20 % du territoire ukrainien.

« Seuls face à notre destin »

Ce désengagement place l’Europe devant ses responsabilités, désormais en première ligne pour assurer la sécurité et la reconstruction de l’Ukraine, malgré ses moyens militaires et financiers limités. Le soutien « quoi qu’il en coûte », revendiqué à Paris ou à Varsovie, sera difficile à tenir, surtout si la guerre continue : l’UE pourra-t-elle compenser la baisse drastique de l’aide américaine ? Pourra-t-elle financer le colossal plan de reconstruction, déjà chiffré à 700 milliards d’euros ?

Le retour au pouvoir de Donald Trump secoue l’Europe. De nouvelles fractures apparaissent, avec de vertigineuses remises en question sur le soutien à l’Ukraine et sur les conditions d’une reprise du dialogue avec la Russie. L’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann le souligne très justement : « Nous sommes désormais, en Europe, seuls face à notre destin. »