Dans le chaos actuel qui caractérise notre pays et où l’on constate une profonde division politique, le débat sur l’introduction d’une éducation à la sexualité constitue l’indice d’une situation morale préoccupante. Une tribune signée par une centaine de sénateurs dans Le Figaro (2 décembre) jette un cri d’alarme : « Le militantisme n’a pas sa place à l’école. »
En effet, un texte de référence, à l’initiative du ministère de l’Éducation nationale, entend donner les points de repère sur le sujet. Or il suscite les plus graves réserves. Il est même déclaré inacceptable par les signataires, car il a été dévoyé par la vision de ceux qui voudraient que « l’école soit le remède à tous les maux de notre société ». De plus, « il est le fruit d’une coécriture avec des associations dont le zèle militant ne poursuit que le triomphe de leurs thèses, sans jamais s’intéresser au bien-être et à l’épanouissement des enfants ». Fondamentalement il est inspiré par l’idéologie woke, qui opère ses ravages dans le monde occidental.
Désaccord au sommet
Le débat a pris une tournure spectaculaire lorsqu’il a opposé les deux ministres qui coexistaient rue de Grenelle avant la chute du gouvernement Barnier. Dans une intervention remarquée au Sénat, Alexandre Portier, ex-ministre délégué chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel, a dénoncé la thématique de la « théorie du genre », l’interventionnisme idéologique à l’école et l’absence de prise en compte du développement des enfants. Mais il a été contré sur-le-champ par Anne Genetet, ex-ministre de l’Éducation nationale, dont il dépendait hiérarchiquement. Celle-ci a récusé la présence de la « théorie du genre » dans un texte qu’elle approuve sans réserve.
Anne Genetet s’est même permis de nier la réalité d’une « théorie du genre ». Ce en quoi elle s’est trahie, avouant qu’elle partageait la rhétorique habituelle – celle qu’on trouve dans un quotidien comme Le Monde –, pour faire passer le gender non comme un concept idéologique, mais comme un instrument opératoire en sciences humaines.
Au-delà de ces péripéties gouvernementales, il est plus qu’évident que nous sommes en présence d’une stratégie dont le but est d’imprégner les esprits des enfants dès le plus jeune âge, en les familiarisant avec les conceptions de l’intelligentsia progressiste. On sait d’ailleurs que la récente élection présidentielle aux États-Unis a été marquée par la contestation du wokisme, avec la révolte des parents exaspérés par l’emprise qui touche l’ensemble du système éducatif.
Il faut avouer qu’il y a quelque chose de vertigineux dans cette affaire, car ces enjeux sont civilisationnels, mettant en cause des traditions qui plongent au plus profond de notre histoire. Il n’est pas anodin de donner une définition de la famille qui relativise totalement l’union de l’homme et de la femme pour n’en faire qu’un cas particulier sociologique, à égalité avec les autres formes, adoptive, homoparentale, recomposée… Autant dire que les associations LGBT entendent faire la loi partout, notamment par une intrusion massive en milieu scolaire.
La leçon des États-Unis
Il apparaît ainsi que le politique est désormais en situation d’arbitrer dans un domaine qui lui est supérieur et que les autorités anciennes n’auraient jamais eu la prétention de régenter. De là une lutte féroce pour imposer ses prétentions idéologiques, non pas d’ailleurs dans le cadre de débats rationnels mais à coups de force pour s’emparer de tous les leviers possibles, celui de l’école accompagnant la conquête à peu près totale de l’espace médiatique. Mais ce qui vient de se passer aux États-Unis pourrait montrer qu’une telle entreprise n’est nullement irréversible. En aucun cas, il ne s’agit de baisser les bras, ne serait-ce que pour la sauvegarde de nos enfants.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- LES MALADIES DE LA DÉMOCRATIE ÉLECTIVE : COMMENT N’ÉTRE PAS DÉSABUSÉ ?
- EN LISANT MONSIEUR MEXANDEAU : VIVE L’ÉCOLE PLUS LIBRE
- S.O.S. ! Pour les pervertir, l’Etat kidnappe nos enfants !