Droits de douane : la stratégie de Trump… et ses limites - France Catholique
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Droits de douane : la stratégie de Trump… et ses limites

Parmi toutes les tables que renverse Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche, celle des droits de douane est l’une des plus spectaculaires. Mais en matière diplomatique, comme politique, il est encore difficile d’identifier ses objectifs.
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Donald Trump, portrait officiel, 2025.

Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump et artisan de sa première victoire en 2016, n’a pas perdu de son influence dans les couloirs de la Maison-Blanche. Le fondement majeur de sa tactique, « to flood the zone » ou « inonder le terrain », semble toujours à l’œuvre, notamment dans le domaine du commerce international. L’idée consiste à multiplier les annonces à un rythme effréné pour paralyser l’adversaire, incapable de répliquer face à ce bombardement de signaux. La stratégie trumpienne poursuit trois objectifs : faire pression sur des États tiers, protéger certains secteurs industriels et trouver de nouveaux revenus fiscaux. Une approche protectionniste finalement assez traditionnelle, même si le climat ultra-libéral de l’époque a vite fait de la taxer d’hérétique.

Une spirale sans fin ?

Cependant, les décisions prises par les États-Unis, massives, peuvent avoir des conséquences démesurées. Prenons l’exemple de l’Europe. Considérons cet enchaînement de mesures spectaculaires. Acte I : l’administration Trump impose le 12 mars des surtaxes de 25 % sur l’acier et l’aluminium européens ; Acte II : en réponse, le même jour, Bruxelles annonce une hausse de 50 % des taxes sur le bourbon de l’Oncle Sam ; Acte III : Donald Trump réagit et menace d’imposer des droits de douane de 200 % sur le champagne, les vins et autres alcools européens.

Une spirale sans fin, qui pourrait avoir des conséquences concrètes, en l’espèce sur les vignerons français.

« C’est une guerre idiote, mais il faut se mettre à armes égales », a assuré le ministre de l’Économie, Éric Lombard, sur France 2 (14/03). Plus préoccupé, François Bayrou a parlé d’un « danger immense » lors d’une visite sur le site d’Alstom à La Rochelle le 14 mars. Sachant que l’enjeu n’est pas qu’économique : il n’est pas impossible que Washington use de l’arme des droits commerciaux pour diviser l’Union européenne. « Donald Trump cherche à désolidariser les pays de l’Union européenne pour inverser le rapport de force. En ciblant le vin, il cherche à toucher la France et créer des divergences au sein de l’Union », analyse Stéphanie Villers, conseillère économique chez PwC, interrogée sur le site de Public Sénat (13/03). À une objection près, c’est qu’en menaçant les vins européens, il risque de frapper les exportations de l’Italie qui reste attachée au transatlantisme.

La Bourse en gendarme

Celle qui pourrait bien mettre fin à cette surenchère, c’est la Bourse de Wall Street qui déteste l’incertitude et anticipe, de surcroît, un risque inflationniste fort en cas d’application du programme commercial de Trump. « L’indice des 500 premières valeurs cotées à la Bourse de New York est entré en phase de correction ce jeudi [13 mars, NDLR], pour la troisième semaine consécutive de baisse. Donald Trump s’acharne à mener une guerre commerciale qui horrifie les investisseurs », résument Les Échos (14/03). Le 10 mars, les sept principales valeurs technologiques cotées au NASDAQ  –Apple, Nvidia, Microsoft, Meta, Amazon, Google et Tesla – ont perdu… 750 milliards de dollars en une seule séance ! Et plusieurs pays, dont le Canada, remettent en question des commandes d’avions de combat américains.

La « madman theory » – « théorie du fou » – n’est pas sans conséquences. Reste à savoir jusqu’où le Président américain est prêt à les assumer.