Entrer dans Notre-Dame, comme dans toutes les églises, c’est pénétrer dans le mystère du cœur à cœur de Marie et Jésus, de la Mère et du Fils qui s’aiment, pour notre salut − comme l’évoque l’image de ce vitrail de la Vierge à l’Enfant, installé dans la cathédrale. C’est se laisser guider par Marie vers Jésus car « le saint Cœur de Marie nous conduira tout naturellement au Cœur de son Fils », affirme le Frère Gérald de Becker (Lexique du Sacré-Cœur).
Oui, cette cathédrale unique au monde incarne symboliquement la présence en France du Cœur de Marie uni à celui de Jésus, seule espérance d’un peuple « qui marchait dans les ténèbres » de voir « se lever une grande lumière » (Is 9, 1)… C’est ce qui rend cette cathédrale non seulement belle mais vitale, car c’est toute la nation qu’elle conduit vers le Sauveur, dans l’attente de son retour.
Blessure de chair
Voilà pourquoi, les Français – « fils aînés de l’Église » – ont pleuré si amèrement – dans une très rare communion – lorsque ce temple vivant a brûlé, ressentant une blessure de chair. Inconsciemment, ils voyaient brûler leur (église-)Mère et son cœur palpitant, tout orienté vers le Christ, Soleil levant.
Notre-Dame a été bâtie à une époque où rien n’était trop beau pour la Nouvelle Ève et où l’on savait que l’on répondait ainsi au désir ardent du Nouvel Adam, comme l’assure l’abbé Berlioux : Jésus « aime à voir son nom toujours uni au sien, et lorsqu’un temple s’élève à sa gloire, il faut, pour qu’il lui plaise, que ses voûtes abritent l’humble autel de Marie. Enfin, il veut que partout où l’on adore le Fils, la Mère aussi soit honorée » (Un mois avec le Sacré-Cœur de Jésus, 1870).
La fusion d’amour de ces deux Cœurs semble avoir commencé dans la crèche, le cœur de Jésus nouveau-né battant doucement sur le cœur de sa toute jeune maman : « Ils virent l’enfant avec Marie sa mère » (Lc 2, 19). Pourtant, cela faisait déjà neuf mois que ce cœur à cœur avait commencé et que ces deux-là s’aimaient sans mesure, dans le secret des entrailles de Marie. Son corps et son Cœur avaient façonné le corps et le Cœur de son Fils et son Créateur, pendant que celui-ci façonnait en retour celui de sa Mère et sa créature… Mystère ineffable. « Quelles faveurs, quelle sainteté le Cœur du Fils ne dut-il pas communiquer au Cœur de la Mère, pendant les neuf mois qu’il reposa dans son sein virginal comme dans un berceau ! » s’émerveille encore l’abbé Berlioux. C’est bien le Cœur de Marie qui le premier a aimé et adoré celui de Jésus, pendant qu’elle le portait en son sein virginal et, déjà, elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 21), sous le regard contemplatif de saint Joseph. « Ne séparons jamais, dans notre dévotion le Cœur de Marie de celui de Jésus », rappelle encore l’abbé Berlioux.
L’image du tabernacle
Comme Notre-Dame, toutes les églises du monde ont toujours été et seront toujours bâties à l’image de l’union de ces deux Cœurs. Elles portent, dans leurs chœurs, les tabernacles – images du Cœur de Marie –, et le Cœur de Jésus vivant dans l’Eucharistie, que la Vierge enfante jusqu’à la fin des temps, afin qu’il enfante en retour les âmes à la vie divine. Balancier perpétuel d’amour, pour le bien de nos âmes…
PRIÈRE À NOTRE-DAME
Prière du 15 août 1893 du cardinal Richard, archevêque de Paris, lors de cérémonies de commémorations des profanations de 1793.
Prosternés au pied de votre antique statue, Mère Immaculée de Dieu, nous nous plaisons à vous saluer du nom de Notre-Dame de Paris.
C’est dans cette vénérable basilique que, pendant de longs siècles, nos pères vous ont invoquée ; les saints de la France, les plus illustres saints des autres contrées, se sont agenouillés ici ; c’est ici que la France vous a été solennellement consacrée par l’un de ses souverains.
Cette église a été associée à toutes les joies et à toutes les tristesses de notre nation : on y a célébré nos plus glorieux triomphes, on y a pleuré nos désastres. […]
Ô Reine, Ô Mère, à genoux devant votre image, à la place même où les Saints, nos pères et les protecteurs de notre France, vous ont si souvent invoquée, nous voulons prier comme eux et surtout vivre et mourir comme eux. Exaucez-nous ! Ainsi soit-il.