Comment avez-vous choisi les hauts lieux que vous évoquez ?
Defendente Génolini : Après la parution de la première édition spéciale de cet ouvrage au titre évocateur, Les Hauts Lieux de chrétienté, nombreuses ont été les réactions. Chacun y est allé de son juste commentaire : « Dommage, il n’y a pas la basilique du Sacré-Cœur de Moulins » ; « Il manque la basilique de Vézelay, c’est plus important que le Carmel de Dijon qui n’existe plus ! » ; « Pourquoi n’avez-vous pas mis la cathédrale de Strasbourg qui est autrement plus célèbre que celle de Saint-Brieuc ? » ; « C’est dommage, vous parlez de Notre-Dame du Laus, sanctuaire presque inconnu, et vous n’avez rien dit sur Notre-Dame de Czestochowa »… Si le pape avait lu cet ouvrage, il aurait pu s’indigner : « Comment ? Vous évoquez la toute petite église des Saints-Anges dans une impasse de Paris et vous n’avez pas mis ma cathédrale, la basilique Saint-Jean-de-Latran qui est la « Mère et la tête de toutes les églises de Rome et du monde » ? » Nous lui aurions alors répondu : « Mais Très Saint-Père, nous vous avons écouté, nous sommes allés aux périphéries, comme vous l’avez demandé ! » Je pense que la réplique l’aurait fait sourire ! Bref, je plaisante.
Comment l’idée de ce livre vous est-elle venue ?
Depuis quelques années, notre ami Gilles Bexon réalisait chaque semaine pour Le Petit France Catholique – cet encart pour les enfants dans le journal du même nom – une aquarelle pour illustrer la vie du saint de la semaine ou un article sur tel ou tel sanctuaire. La qualité du dessin n’a échappé ni aux lecteurs, ni à la rédaction du journal. Alors, un beau jour, Benoît, l’éditeur de Via Romana, a suggéré d’en faire un ouvrage pour la joie d’un plus grand nombre. Cependant, si les yeux pouvaient s’émerveiller devant tant de richesses, il fallait atteindre les cœurs et les âmes. C’est ainsi que chaque aquarelle est accompagnée d’une histoire et d’un beau texte, méditation ou prière. Chacun peut en faire ce qu’il veut : alimenter sa vie spirituelle ou passer sans s’y arrêter. Mais notre désir est clairement affiché. Voyez la troisième et quatrième de couverture qui invitent à la prière mariale.
Finalement, qu’est-ce qu’un « haut lieu de chrétienté » ?
Lisez l’avant-propos de l’ouvrage. Fondamentalement, un haut lieu est celui qui abrite le Très-Haut et les amis du Très-Haut, martyrs et saints. Où que ce soit, là où il y a un tabernacle, là est le Très-Haut. Voilà le haut lieu, que ce soit dans une grotte, sur un sommet ou une île. En France, par exemple, il y a à peu près 500 églises par département, ce sont autant de hauts lieux ! De l’humble église dans l’obscur bourg de Saint-Agnan-en-Morvan à la grandiose basilique de Vézelay, chacun peut légitimement revendiquer qu’on en parle en termes louangeurs.
Simone Fèvre vivait au Plateau d’Assy, en Haute-Savoie. Sa famille était liée au saint Curé d’Ars. Pendant vingt-sept ans, elle ne put sortir de chez elle, immobilisée par une grave maladie. Elle priait beaucoup. Elle s’était constitué des classeurs et des classeurs de cartes postales des façades de toutes les églises du monde, du plus petit village aux immenses sanctuaires. Elle les regardait avec amour. Elle passait de haut lieu en haut lieu, adorant Jésus qui y résidait et les reliques des saints scellées dans les pierres d’autel, souvenirs des catacombes, autres hauts lieux qui conduisent à Jésus.
Hauts lieux de chrétienté. De la Terre sainte aux confins de l’Occident, Gilles Bexon et Defendente Génolini, Via Romana, 160 p. , 15 €.